Le bilan carbone, un outil de performance économique

Baptiste Gaborit

Rédacteur Climat

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Pourquoi faire son bilan carbone ? A quoi sert-il ? 

Cette question, de nombreuses entreprises se la posent. 

Pour rappel, le bilan carbone, c’est la photographie à un moment donné de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise. 

Mesurer, c’est bien mais ça ne suffit pas. C’est en fait le point de départ d’une stratégie de baisse des émissions de GES : on ne réduit que ce que l’on connaît. Cette stratégie de réduction se matérialise par un plan d’action. Ce dernier est d’ailleurs obligatoire dans la réalisation d’un Bilan Carbone® ou dans le dispositif du Diag Decarbon’Action

Et réduire ses émissions, au-delà de l’intérêt climatique évident, c’est aussi un levier pour de meilleures performances économiques.

Pourquoi ? Parce que réduire ses émissions permet très souvent dans le même temps de réaliser des économies. C’est ce que nous apprend le travail de notre équipe Expertise.

Et puis, mesurer et réduire ses émissions, cela permet de se protéger de l’augmentation du prix du carbone, des risques de transition et des risques compétitifs.

En clair, investir dans un bilan carbone, c’est investir dans un outil essentiel d’une stratégie globale et pas seulement dans la stratégie climat ou RSE de l’entreprise. 

1. Les performances économiques d’un plan d’action

1.1 Des actions en majorité rentables

L’équipe expertise de Sami travaille depuis plusieurs mois sur le chiffrage économique des plans d’action qui peuvent être mis en place au sein des entreprises pour réduire leurs émissions. 

Pour près de 60 actions, qui concernent la mobilité, la logistique, l’énergie, l’écoconception ou encore le numérique, nos experts ont réalisé, pour chacune de ces actions, une évaluation financière et une évaluation carbone

En clair, d’un point de vue financier, il s’agit de calculer la somme des coûts financiers avec et sans mise en place de l’action. Et d’un point de vue carbone, de calculer les émissions avec et sans mise en œuvre de l’action. 

Ces deux évaluations permettent de calculer ce que l’on appelle le coût à la tonne de CO2 évitée : pour une tonne de CO2 évitée, combien cela va coûter en net, c’est-à-dire en soustrayant aux investissements les économies liées aux coûts opérationnels de l’action. Si ce coût est négatif, c’est que l’action est rentable financièrement (éventuellement au bout d’un certain nombre d’années), sinon cela veut dire qu’il en coûtera plus à l’entreprise de déployer cette action.

Résultat, sur les 57 actions évaluées, 48 sont rentables sur la durée de vie de l’action. 

Quelques exemples : 

Les bénéfices économiques du bilan carbone
Source : Sami

“On se rend compte que pour beaucoup des actions mises en place, il y a un alignement entre l’intérêt carbone et l’intérêt financier. L’entreprise a intérêt à mettre en place ces actions d’un point de vue financier car elles sont rentables. Et elles vont permettre dans le même temps de réduire les émissions de gaz à effet de serre.”

Guillaume Colin, Head of expertise, Sami. 

1.2 Comment sont obtenus ces résultats ? 

Afin de réaliser les évaluations financières et carbone, deux indicateurs sont utilisés : le CAPEX qui traduit les coûts d’investissement nécessaires à la mise en place de l’action et l’OPEX qui traduit les coûts opérationnels ou variables liés à la mise en œuvre de l’action. Ces derniers sont très souvent négatifs car les actions mises en place permettent d’économiser des consommations d’énergie et donc de l’argent chaque année sur toute la durée de vie de l’action.

Prenons l’exemple de la rénovation thermique des bureaux. 

- CAPEX financier : c’est le montant moyen des travaux de rénovation thermique (de 200 à 400€ par m² de surface rénovée).

- CAPEX carbone : ce sont les émissions initiales émises lors des travaux de rénovation (environ 190 kgCO2eq par m² rénové d’après l’OID).

- OPEX financier : c’est la différence entre le montant de la facture énergétique après les travaux de rénovation énergétique et cette même facture avant les travaux de rénovation (on passe d’environ 12 € de coûts d’exploitation par m² avant rénovation, à environ 2 € par m² après rénovation).

- OPEX carbone : c’est la différence entre les émissions liées au chauffage des locaux après la rénovation et ces mêmes émissions avant les travaux (on passe d’environ 55 kgCO2eq par m² avant rénovation, à environ 10 kgCO2eq par m² après travaux).

Sur 50 ans, la durée de vie d’une rénovation thermique, cette action permet ainsi d’économiser 131 euros pour chaque tonne de CO2 évitée. 

1.3 Sobriété, efficacité et énergies bas-carbone, des horizons de rentabilité différents

“Les actions de sobriété sont celles qui sont rentables le plus rapidement car elles ne nécessitent pas, ou très peu, de coûts d’investissements -leur coût indirect réside dans la faisabilité de changements de comportement ou organisationnels. A l’inverse, certaines actions d’efficacité et celles de mise en place d’énergies bas-carbone sont plus coûteuses à l’investissement et donc le temps de retour sur investissement sera plus long.”

Guillaume Colin. 

Ainsi, limiter l’avion dans sa politique de voyage est par exemple une action de sobriété qui est immédiatement rentable. C’est le cas aussi de la baisse d’1 degré du chauffage dans ses locaux (aucun coût d’investissement mais une baisse des émissions et des économies financières immédiates) ou de former ses collaborateurs à l’éco-conduite : le coût de la formation est faible comparé aux économies financières et à la réduction des émissions permises par cette action.

En revanche, l’horizon de rentabilité est plus long pour la plupart des actions d’efficacité et celles sur le déploiement d’énergies et technologies bas-carbone. C’est le cas de notre exemple de rénovation thermique des bâtiments. Les coûts d’investissements initiaux nécessitent inévitablement d’attendre quelques années avant que les travaux ne soient rentables financièrement. 

La maturité des actions mises en œuvre est également un facteur important de rentabilité puisque bien souvent les actions les plus chères portent sur des technologies encore peu éprouvées ou peu déployées à grande échelle : e-fuels, hydrogène ou encore la captation et séquestration du CO2. 

1.4 Les intérêts et les limites du chiffrage du plan d’action

Calculer les coûts à la tonne de CO2 évitée pour chaque mesure permet ainsi de chiffrer le coût global d’un plan d’action pour un volume d’émissions à réduire défini. Cet élément intègre ainsi la stratégie de décarbonation de l’entreprise. 

Au-delà du coût global, le coût à la tonne de CO2 évitée peut aussi permettre à l’entreprise de définir une priorisation dans la mise en œuvre du plan d’action : 

  • par ordre croissant de coût à la tonne de CO2, c’est-à-dire en commençant par les coûts négatifs donc les actions rentables. 
  • par temps de retour sur l’investissement : mettre en place d’abord les actions les plus rentables à court terme par exemple. 

Attention toutefois, le coût à la tonne de CO2 évitée et le chiffrage économique du plan d’action ne peuvent et ne doivent pas être le seul critère dans la mise en place des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

D’abord parce que le coût à la tonne de CO2 évitée est avant tout une estimation. Il n’est pas question ici d’un calcul à l’euro près du fait des incertitudes autour notamment du prix du carbone ou du prix de l’énergie dans les années à venir. Reprenons notre exemple de la rénovation thermique des bâtiments. Afin de calculer les coûts opérationnels ou variables (OPEX), il faut forcément intégrer un prix de l’énergie et donc faire des hypothèses sur les évolutions à venir sur les marchés de l’énergie (les prix vont-ils rester stables, augmenter ou baisser?). 

Le coût à la tonne de CO2 doit donc être vu comme un indicateur permettant de donner des ordres de grandeur. Il est aussi possible de distinguer plusieurs scénarios de prix (par exemple prix bas, prix médian ou prix haut de l’énergie) afin d’affiner le chiffrage et les résultats de rentabilité. 

Autre limite du coût à la tonne de CO2 évitée, il met en valeur les actions de sobriété pour lesquelles, on l’a dit, les coûts d’investissements sont nuls ou faibles et donc les actions qui sont rentables immédiatement ou presque. C’est un levier évidemment très intéressant et nécessaire pour remplir nos objectifs climatiques mais certaines de ses actions ont un potentiel de réduction des émissions assez faible comparé à des actions d’efficacité ou de mise en oeuvre d’énergies bas-carbone, nécessitant des investissements plus coûteux. Ces actions de sobriété (réduction de la température du chauffage, covoiturage pour les salariés ou limitation de l’avion dans les déplacements professionnels par exemple) font appel par ailleurs à des changements de comportement et donc sont parfois difficiles à faire accepter auprès des salariés. Le plan d’action ne peut donc pas se limiter à ces seules actions. 

Enfin, ce n’est pas parce qu’une mesure présente un coût à la tonne de CO2 évitée positif que l’entreprise ne doit rien faire. Car dans beaucoup de situations, le coût de l’inaction sera en réalité bien plus élevé, à court ou moyen terme, que le coût de l’action. 

C’est d’ailleurs là l’autre grand intérêt économique du bilan carbone : pouvoir se prémunir des risques physiques et des risques de transition à venir qui sont parfois aujourd’hui des coûts cachés mais qui risquent de peser de plus en plus dans les années à venir.  

2. Le bilan carbone, ou comment anticiper les risques de transition

Les risques de transition, ce sont les impacts (positifs et négatifs) liés à la mise en place d’une économie bas-carbone. 

2.1 Rester compétitif 

De plus en plus d’entreprises souhaitent décarboner leurs achats, les intrants étant souvent un poste d’émissions très important. La réduction de leurs émissions directes ne suffira pas à atteindre leurs objectifs climatiques. Elles doivent donc faire en sorte de pouvoir réduire aussi les émissions de leur chaîne de valeur et donc celles de leurs fournisseurs. 

Voilà pourquoi les grandes entreprises, par exemple, sont de plus en plus attentives à l’empreinte carbone de leurs achats. 

9 grands groupes français (EDF, Engie, Sanofi, Orano, ADP, Bouygues Construction, Thalès, Naval Group et Schneider Electric) ont ainsi rejoint l’Alliance pour la décarbonation et la transition énergétique lancée par l’association PactePME afin d’accompagner les PME qui sont leurs fournisseurs dans une démarche collective de décarbonation (Alliance dans laquelle Sami occupe un rôle d’accompagnement des PME). 

Citons aussi la Française des Jeux qui a lancé en décembre 2023 un programme de réduction de l’empreinte carbone de ses fournisseurs, Schneider Electric qui veut pousser ses 1000 plus gros fournisseurs à réduire de moitié leurs émissions de CO2 d’ici 2025 ou encore la SNCF qui intègre depuis l’an dernier pour ses 55 plus gros fournisseurs un prix de la tonne carbone dans ses appels d’offres afin de monétiser leurs émissions de GES. 

78% des directions achats des grandes entreprises auront ainsi des objectifs liés au développement durable ou à la RSE en 2024.

Bref, entamer une démarche de mesure et de réduction des émissions de gaz à effet de serre est déjà et va devenir de plus en plus un facteur de compétitivité face aux demandes croissantes des donneurs d'ordre.  

C’est le cas aussi pour les clients grand public, de plus en plus sensibles à l’empreinte carbone des produits qu’ils achètent. 

Enfin, cette dimension n’est pas réservée qu’au secteur privé. La loi sur l’industrie verte, publiée le 23 octobre 2023, entérine la mise en œuvre obligatoire dès juillet 2024 de critères environnementaux et notamment les émissions de gaz à effet de serre dans les marchés publics. 

2.2 Anticiper la hausse du prix du carbone

Le prix du carbone est également un facteur majeur pour la compétitivité des entreprises. 

On l’a dit plus haut, il est impossible de prédire quel sera son prix exact dans 2, 5, 10 ou 20 ans. Ceci dit, avec le renforcement des réglementations, il y a de fortes chances pour que ce prix augmente régulièrement et considérablement à long terme afin de favoriser justement la décarbonation. 

Sur le marché européen, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) est entré en vigueur le 1er octobre 2023. Progressivement, les fournisseurs hors Union Européenne des secteurs très polluants (ciment, aluminium, engrais, etc…) seront taxés en fonction de l’intensité carbone de leurs exportations sur le marché européen. Parallèlement, de nouveaux secteurs vont intégrer ce marché carbone européen, les droits à polluer gratuits vont être progressivement supprimés et les quotas d’émissions vont être réduits. 

Tous ces éléments devraient contribuer à alimenter dans les années et décennies à venir une hausse du prix du carbone. Sur le système d’échange de quotas d’émission de l’UE (SEQE-UE), le prix du quota est aujourd’hui d’environ 60 euros la tonne de CO2 après avoir atteint 100 euros en février 2022. Mais selon des économistes du London Stock Exchange Group, le nouvel objectif climatique de l’Union européenne (une baisse des émissions de 90% en 2040) pourrait faire grimper le prix du carbone au-dessus de 400 euros la tonne d’ici 2040, soit plus de 6 fois plus qu’aujourd’hui. Ce prix de 400 euros représenterait ainsi, selon les auteurs, le “coût potentiel auquel seront confrontées les entreprises qui ne parviendront pas à se décarboner d’ici cet horizon”. 

“Si une entreprise veut connaître son exposition à ce risque financier du carbone, le point de départ, c’est de connaître ses émissions. Si elle ne sait pas dans quelle mesure sa chaîne de valeur est carbonée, elle risque de payer beaucoup plus cher ses matières premières ou d’être moins compétitive en aval parce que ces taxes carbone vont grever les marges.” 

Guillaume Colin

2.3 Satisfaire aux nouvelles réglementations

En France, un bilan d’émissions de gaz à effet de serre, le BEGES, est obligatoire au minimum tous les 4 ans pour les entreprises de plus de 500 salariés. Ce BEGES doit comprendre les émissions indirectes (le scope 3) significatives depuis le 1er janvier 2023. 

Surtout, le grand défi qui attend les entreprises dans les prochains mois et les prochaines années est la mise en œuvre de la nouvelle directive européenne sur le reporting extra-financier, la CSRD

Parmi les nouvelles normes de reporting, une est consacrée entièrement au changement climatique, l’ESRS E1. Les entreprises vont devoir ainsi reporter, chaque année, leurs émissions de gaz à effet de serre complètes (scopes 1, 2 et 3) mais aussi présenter quel est leur plan de transition climatique, en quoi ce plan permet de les amener vers un objectif compatible avec une limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré, quelles sont les actions qui sont mises en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés par l’entreprise, quels sont les moyens déployés pour y arriver ou encore quels sont les effets financiers anticipés des risques physiques et de transition liés au climat. 

Par ailleurs, le bilan carbone est la porte d'entrée pour mesurer l'impact de l'entreprise sur le climat mais aussi l'impact du climat (via les risques financiers de transition qu'il induit) sur l'entreprise. 

Les entreprises qui seront soumises à la CSRD sont celles qui sont déjà concernées par la DPEF mais aussi toutes celles qui remplissent au moins 2 des 3 critères suivants : 

  • plus de 250 salariés
  • plus de 25 millions d’euros de bilan
  • plus de 50 millions d’euros de CA

Au total, en France, environ 6000 entreprises devraient être concernées par la CSRD. 

Et pour satisfaire aux obligations du reporting extra-financier, ces 6000 entreprises seront de plus en plus exigeantes d'un point de vue carbone vis-à-vis de leurs fournisseurs. Il y aura donc un ruissellement de la pression réglementaire sur les entreprises de tailles intermédiaires.

3. Les subventions pour un bilan carbone

3.1 Le Diag Decarbon’Action

Le Diag Decarbon’Action est un dispositif permettant d’accompagner les entreprises dans la réalisation d’un bilan carbone. Cette offre est opérée par Bpifrance, co-financée par l’ADEME. 

Le Diag comprend la réalisation d’un bilan carbone, la co-construction d’une stratégie climat pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et un accompagnement dans la mise en place des premières mesures du plan d’action. 

Sont éligibles les entreprises de moins de 500 salariés n’ayant jamais réalisé de bilan carbone jusque-là. Après subvention, le prix est de : 

  • 4000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés
  • 6000 euros pour les entreprises de plus de 250 à 499 salariés

Pour tout comprendre au Diag Decarbon’Action, ses modalités, l’accompagnement proposé aux entreprises, nous vous invitons à regarder le replay de notre atelier organisé en septembre 2023 avec la BPI et consacré justement au financement du bilan carbone. Vous retrouverez également des détails dans notre article consacré au Diag Decarbon’Action

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3.2 Subvention Tremplin

Tremplin, c’est le dispositif d’aides à la transition écologique dédié aux TPE et aux PME. Il permet d’accéder à des aides dans tous les domaines de la transition écologique. 

Il peut ainsi vous permettre de financer de nombreuses mesures qui pourraient figurer dans votre plan d’action, pour la production de chaleur et de froid, l’isolation, l’écoconception des produits, la gestion des déchets ou encore la mobilité durable. 

Vous trouverez toutes les informations sur Tremplin dans notre article dédié.  

Enfin, de nombreux autres dispositifs sont proposés par la BPI afin de structurer votre stratégie bas-carbone. 

Mission Décarbonation

Chaque mois, un décryptage de l’actualité climat des entreprises et nos conseils pour vous décarboner, suivis par plus de 5000 responsables RSE.

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