Industrie du textile : quel bilan carbone et quelles solutions ?

Baptiste Gaborit

Rédacteur Climat

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4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 chaque année. Voilà le bilan carbone de l’industrie textile dans le monde. Ce chiffre en fait l’une des industries les plus polluantes de la planète puisqu’elle représente selon l’ADEME 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (vêtements et chaussures réunis). C’est plus, par exemple, que les émissions de l’aérien et du maritime réunis. 

Il faut dire que les ventes dans le textile ont littéralement explosé depuis le début des années 2000. Selon l’agence européenne pour l’environnement, la quantité de vêtements achetés dans l’Union européenne a bondi de 40% entre 1996 et 2012. Au niveau mondial, leur production a doublé entre 2000 et 2014.

 

Les explications sont nombreuses : gain en pouvoir d’achat des classes moyennes des pays en développement, baisse du prix des vêtements liés aux nombreuses délocalisations dans des pays où les coûts de production sont faibles. Il y a aussi l’explosion des techniques marketing des entreprises de la mode qui poussent à acheter toujours plus de vêtements : publicités dans les magazines, sur les réseaux sociaux, partenariats avec des stars. Le début des années 2000 signe l’arrivée de ce que l’on appelle maintenant la “fast fashion”. Certaines grandes marques renouvellent leurs collections toutes les 6 semaines et à des prix défiant toute concurrence. On pense évidemment à H&M, Zara ou encore au phénomène du moment Shein. Conséquence : la durée d’usage de chaque habit chute. Elle a été divisée par deux ces 15 dernières années selon cette étude de McKinsey. Les achats se multiplient, les vêtements, eux, s’entassent dans les placards puis finissent bien souvent incinérés ou enfouis. 

Cette explosion de la production entraîne en parallèle l’explosion des émissions de gaz à effet de serre. Une empreinte carbone très fortement liée à la production des matières premières utilisées et à la phase de fabrication du textile. Par ailleurs, l’impact environnemental de la mode ne s’arrête pas à son empreinte carbone avec des conséquences importantes aussi sur l’épuisement de la ressource en eau, la pollution des eaux, des sols ou de l’air.  

Heureusement, des solutions existent ! Pour les consommateurs, en achetant auprès de marques engagées, en réduisant sa consommation de vêtements et en privilégiant des vêtements d’occasion, de qualité et intemporels. Et pour les entreprises elles-mêmes en mettant en place des stratégies environnementales ambitieuses. Elles sont de plus en plus nombreuses à le faire.  

 

Les principaux postes d’émissions du secteur textile

Il est d’abord capital de bien avoir en tête le cycle de vie d’un vêtement, depuis la production de la matière première jusqu’à la fin de vie du produit. La phase de conception de l’article par exemple comporte plusieurs étapes, chacune étant associée à des émissions. 

Cycle de vie d'un vêtement

On identifie dans ce processus deux phases majeures pour l’empreinte carbone :  

  • la production des matières premières et leur transformation en fil (la filature)
  • la préparation et la mise en forme du tissu (tissage/tricotage, ennoblissement)

Nous allons suivre ici l’ensemble du cycle de vie d’un t-shirt en coton, depuis la production du coton jusqu’à la fin de vie du t-shirt, afin de déterminer les émissions associées à chaque phase. Les données sont issues du simulateur Ecobalyse lancé par le gouvernement. Dans cet exemple, le coton est produit en Asie, la filature est réalisée en Chine, le tricotage, l’ennoblissement et la confection en Inde avant une distribution et une utilisation du t-shirt en France. Voici les résultats : 

Bilan carbone d'un t-shirt en coton
Source : Ecobalyse

Les matières premières et la filature

C’est la première étape et c’est aussi une des phases les plus émettrices : la production des matières premières nécessaires à la confection des vêtements. Difficile de donner un chiffre précis tant l’impact dépend de la matière première produite mais selon cette étude de l’ADEME, cette étape est responsable en moyenne de 35% du bilan carbone d’un article d’habillement. 

Voici les principales matières utilisées dans l’industrie du textile et leur empreinte carbone : 

  • Les matières chimiques synthétiques et artificielles : elles représentent environ 68% des matières premières produites pour l’habillement. Et la star de ces matières chimiques, c’est le polyester. Avec environ 60 millions de tonnes produites en 2021, c’est de très loin la matière la plus utilisée dans le monde

→ Le problème, c’est que cette matière provient d’une ressource fossile puisqu’elle est obtenue à partir du pétrole, tout comme d’ailleurs l’acrylique, l'élasthanne ou encore le polyamide. Et qui dit transformation du pétrole dit émissions de gaz à effet de serre. 

On estime ainsi qu’un kilo de filament de polyester émet 10,2 kg de CO2e. 

Parmi les matières chimiques artificielles, on retrouve par exemple la viscose : plus de 6 millions de tonnes produites en 2021. Ces fibres artificielles sont obtenues à partir de ressources naturelles comme la cellulose de maïs, de soja ou de bois. Mais leur fabrication nécessite l’utilisation de produits chimiques, eux aussi émetteurs. 

La production d’un kilo de filament de viscose émet 8 kilos de CO2e.  

  • Le coton : avec le polyester, c’est l’autre grande star de nos vêtements. 24 millions de tonnes de coton ont été produites en 2021, soit ¼ de la production mondiale de fibres. 

→ Le coton est certes une fibre naturelle mais sa culture entraîne des émissions de CO2e via le changement d’occupation des sols et l’utilisation des engins agricoles notamment. Le coton demande aussi beaucoup d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires qui entraînent également des émissions de CO2e lors de leur fabrication.   

Résultat, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le coton, bien qu’étant une fibre naturelle, émet plus que le polyester par exemple : 16,3 kg de CO2e par kilo de coton produit. 

  • Les autres matières végétales et animales : la laine (1 million de tonnes en 2021), la soie, le cuir, le lin ou encore le chanvre. Toutes ces matières représentent environ 8% des fibres produites.

  

→ Ici, l’empreinte carbone est très variable selon le type de matière. Et ce sont les matières animales qui sont, et de très loin, les plus émettrices. Ainsi, 1 kilo de laine de mouton émet environ 80 kilos de CO2e, soit 5 fois plus que le coton ! Et c’est même 385 kilos de CO2e pour le cachemire. Cette empreinte carbone très élevée s’explique par les émissions allouées à l’élevage de ces animaux, les moutons pour la laine et les chèvres pour le cachemire à cause de l’impact de la nourriture et du méthane émis par ces animaux lors de la digestion. 

Les émissions des autres matières végétales sont équivalentes à celles du coton, c'est-à-dire entre 15 et 20 kg de CO2e par kilo de lin ou de chanvre par exemple. 

Bilan carbone des matières premières textile

Une fois la matière brute collectée, il faut la transformer en fil. C’est l’étape de filature réalisée avec des machines qui consomment de l’électricité. L’impact n’est pas neutre. Dans le cas de notre t-shirt en coton, la filature est à l’origine de 8% des émissions totales de CO2e. Ajoutée à la production de la matière première, cette première phase compte pour 38% dans l’empreinte carbone du t-shirt. 

La phase de fabrication

Dans cette phase sont comprises les différentes étapes qui permettent de passer du fil au vêtement : 

  • tissage/tricotage
  • ennoblissement : teinture et préparation des tissus.
  • assemblage 

Cette phase est elle aussi très émettrice puisqu’elle représente, toujours selon l’Ademe, environ 36% des émissions totales de CO2e dans le cycle de vie d’un vêtement. 

Cette empreinte carbone élevée s’explique aisément puisque les phases de tissage/tricotage et l’ennoblissement sont très consommatrices d’énergie. C’est surtout le cas d’ailleurs pour l’ennoblissement. Derrière ce terme, se cachent en réalité 3 sous-étapes : 

  • traitement et nettoyage du textile
  • teinture et impression
  • application d’apprêts pour les propriétés d’usage du vêtement

Cette phase nécessite l’utilisation importante de chaleur sous forme de vapeur mais aussi d’électricité. Le problème, c’est que ces étapes sont très souvent réalisées au Bangladesh, en Chine ou encore en Inde. Ce sont eux les plus grands fabricants de textiles au monde et ce sont des pays avec un mix énergétique très carboné lié notamment à l’utilisation importante du charbon. Ainsi, les facteurs d’émission pour ces Etats sont les suivants : 

  • Bangladesh : 0,79 kg de CO2e par kWh
  • Inde : 1,58 kg CO2e
  • Chine : 1,05 kg CO2e 

A titre de comparaison, 1 kWh en France émet 0,08 kg CO2e. C’est 20 fois moins qu’en Inde, 13 fois moins qu’en Chine et 10 fois moins qu’au Bangladesh. 

La phase d’ennoblissement est également à l’origine d’une consommation en eau importante et de pollution des eaux. Nous y revenons plus en détail dans les autres impacts environnementaux. 

Reprenons notre t-shirt en coton : les 3 étapes de tricotage, ennoblissement et confection pèsent pour 44% dans les émissions totales de CO2e. 

Ainsi, ce qui pèse très lourd dans l’empreinte carbone de la fabrication d’un textile, c’est bien la consommation d’énergie associée aux différents stades de la conception. Bien plus que le transport par exemple.  

Le transport

Contrairement aux idées reçues, cette phase pèse assez peu dans l’empreinte carbone totale du secteur : quelques pourcents. 

Ici, il faut distinguer deux phases différentes : 

  • l’amont : avant même d’être sorti de l’usine, le vêtement a souvent déjà voyagé entre le pays de production de la matière première, le pays où a lieu la filature, l’autre où a lieu le tissage et encore un autre où il est assemblé. 
  • l’aval : c’est le transport entre la sortie de l’usine et la distribution dans les magasins en France par exemple. 

Malgré ces trajets multiples de plusieurs milliers de kilomètres, l’empreinte carbone liée au transport reste faible comparée aux premières phases du cycle de vie des textiles. Les vêtements sont majoritairement affrétés par voie maritime, un mode 50 à 100 fois moins émissif que l’avion. En revanche, quand le vêtement est transporté en avion, par exemple quand les marques souhaitent réapprovisionner les magasins rapidement, la part du transport augmente très fortement. 

Dans le cas de notre t-shirt, la base Ecobalyse estime que le transport (amont et aval) représente environ 8% des émissions. 

L’utilisation

Dans cette phase sont pris en compte l’électricité utilisée pour le lavage, le séchage et le repassage des vêtements, la consommation de lessives aussi et le traitement des eaux usées. Dans notre exemple du t-shirt, le calcul se base sur une durée de vie estimée de 45 cycles d’entretien. Dans ce cas, l’empreinte carbone associée représente un peu plus de 5% des émissions totales. 

A noter que ce chiffre de 5% est obtenu pour un usage en France c’est-à-dire avec un mix électrique très peu carboné. Cette part augmenterait considérablement dans d’autres pays avec un mix bien plus carboné. 

Enfin, l’utilisation est une étape clé pour allonger la durée de vie du produit. En prendre soin est capital pour qu’il dure plus longtemps et ainsi acheter moins de nouveaux vêtements et réduire l’impact de notre habillage. Les fibres d’un article mis régulièrement dans une machine à sécher auront tendance à s'abîmer, le grammage du textile à diminuer et donc le vêtement à être troué ou bouloché plus rapidement. 

La fin de vie

C’est la dernière étape de la vie des textiles. Soit ils sont collectés puis réemployés ou recyclés, soit ils sont mis en décharge ou incinérés. 

Cette étape pèse pour 2% des émissions de CO2e de notre t-shirt. C’est très peu, c’est vrai mais c’est pourtant aussi une étape capitale puisque jeter un vêtement non usagé induit bien souvent ensuite le fait d’en acheter un neuf. Allonger la durée de vie de ses habits est nécessaire pour réduire son impact environnemental. 

Les autres impacts environnementaux 

Au-delà de son empreinte carbone très élevée, l’industrie textile se caractérise aussi par des impacts environnementaux importants. On se concentrera ici sur deux impacts majeurs : la consommation en eau et la pollution de l’eau et des sols.  

  • La consommation en eau

La production textile est très, très gourmande en eau. Et c’est beaucoup lié à la culture du coton. Bien que ce dernier ne représente que ¼ environ des fibres produites dans le monde, sa culture nécessite tellement d’eau que son impact dans tout le secteur textile est très important. On estime ainsi qu’il faut entre 5 000 et 17 000  litres d’eau pour produire 1 kilo de coton ! Résultat, pour fabriquer notre t-shirt, il a fallu 2700 litres d’eau, soit l’équivalent de 70 douches. C’est 11 000 litres d’eau pour un jean. 

La culture du coton est ainsi la première consommatrice d’eau dans le monde, devant le riz ou le soja. Et la pluie ne suffit pas. Il faut bien souvent irriguer, aller chercher l’eau dans les fleuves, les lacs ou les nappes phréatiques, contribuant ainsi à l’épuisement de la ressource dans un contexte déjà où la tension autour de l’eau est importante avec la multiplication des vagues de chaleur et des épisodes de sécheresse. 

D’importants volumes d’eau sont aussi consommés dans la phase de fabrication du textile. Il s’agit ici de l’eau utilisée dans les usines notamment pour blanchir les vêtements ou pour les teindre.

Au total, l’industrie mondiale du textile aurait consommé par exemple, en 2015, 79 milliards de mètres cubes d’eau dont une partie est rejetée en étant polluée, on va le voir ensuite. Selon l’agence européenne de l’environnement, en 2020, il a fallu 9 mètres cubes d’eau, 400 mètres carrés de terrain et 391 kg de matières premières pour fournir des vêtements et des chaussures à chaque citoyen de l’UE. 

  • La pollution des eaux et des sols

Au-delà de l’utilisation massive d’eau, la production de vêtements est aussi à l’origine d’une pollution importante de l’eau et des sols. 

La culture du coton est ainsi très gourmande également en intrants : le coton engloutit 11% des pesticides utilisés chaque année dans le monde et 8 millions de tonnes de fertilisants (phosphore, azote), selon cette étude de l’Ademe. Des produits qui pénètrent dans le sol puis intègrent le cycle de vie de l’eau et viennent contaminer les nappes phréatiques et les autres milieux aquatiques naturels. On parle notamment d’eutrophisation des eaux douces avec le rejet de quantités importantes de nutriments, azote et phosphore. Ce qui a pour conséquence des proliférations végétales néfastes pour la biodiversité des écosystèmes aquatiques, comme la prolifération d’algues vertes, et la perte de concentration en oxygène de ces milieux naturels. 

Par ailleurs, les différentes étapes de la fabrication du vêtement nécessitent l’utilisation massive là aussi de produits chimiques. C’est le cas notamment lors de la phase de confection du fil et au moment de la teinture : solvants chlorés, acide, métaux lourds dans les pigments. Lorsqu’il n’y a pas de stations d’épuration industrielles ou municipales adaptées, ces produits chimiques sont rejetés dans les eaux usées, entraînant une pollution importante. 

Enfin, il ne faut pas oublier l’utilisation du vêtement et ses impacts associés. C’est au moment du lavage que cela se passe puisque les vêtements en matière synthétique relâchent des microfibres plastiques à chaque lavage. Difficile d’estimer précisément l’impact mais certaines études font état de 240 000 tonnes de microparticules plastiques issues des textiles qui sont déversées chaque année dans les océans. 

L’industrie textile serait ainsi responsable de 20% de la pollution de l’eau à l’échelle mondiale. 

Enfin, nous n’oublions pas non plus l’impact social de l’industrie de la mode mais nous avons décidé de nous concentrer dans cet article sur les impacts environnementaux et notamment climatique. 

Comment réduire le bilan carbone du secteur ? 

La sobriété et l’éco-conception, deux leviers clés

  • Moins produire pour produire autrement 

“Le point d’entrée d’une stratégie environnementale dans ce secteur, c’est de moins produire. Il faut en parallèle faire durer plus longtemps les articles, là aussi c’est clé. En proposant des articles de meilleure qualité et en développant des gammes moins dépendantes des effets de mode. On propose aux entreprises d’aller sur de nouveaux modèles économiques : développement de la seconde main et des services de réparation des vêtements par exemple.”                  

Vanessa Pasquet
, experte en textile durable et directrice de la branche Conseil chez Sami

L’enjeu ici, c’est d’activer le levier de la sobriété pour réduire le volume de production tout en accompagnant les entreprises à développer de nouveaux modèles qui seront mieux valorisés et grâce auxquels ils pourront gagner de nouveaux clients. C’est ce qu’il y a de plus efficace pour réduire les impacts environnementaux du secteur. Et la marge de manœuvre est importante tant les chiffres de production et de consommation ont explosé ces dernières années. 

La sobriété passe aussi par de nouvelles fonctionnalités. On a parlé à l’instant de la seconde main, de la réparation. Il y a aussi le système de location. Cela reste encore marginal mais quelques entreprises du secteur se lancent. 

C’est le cas d’un client que nous accompagnons, l’entreprise Picture. C’est une marque de vêtements de snowboard, de ski, de surf et d’outdoor. Elle a lancé il y un an et demi son service de location de vêtements (hiver et été). Objectif, faire porter à 5, 10 ou 50 personnes la même veste de ski plutôt que de l’acheter alors qu’elle ne va servir que quelques fois dans l’année ou même que quelque fois dans sa vie. 

  • L’éco-conception

L’enjeu ici est d’agir directement sur le produit afin de réduire les émissions de CO2e et les autres impacts environnementaux associés à sa fabrication.

“Il y a beaucoup de leviers disponibles sur ce sujet. Il faut par exemple faire en sorte de réduire les taux de perte durant la conception de l’article, c’est loin d’être anecdotique. Un autre enjeu, c’est de travailler avec ses fournisseurs pour qu’ils intègrent des énergies renouvelables dans leurs usines ou pour utiliser des procédés alternatifs lors des étapes les plus polluantes, notamment l’ennoblissement.”  

Vanessa Pasquet

Premier enjeu : travailler sur le choix de la matière première. Il faut ainsi éviter au maximum les fibres animales, ce sont celles avec l’empreinte carbone la plus élevée. Le coton, lui, a une empreinte carbone plus faible mais un impact important sur l’épuisement de la ressource en eau et sur la pollution des eaux. “Il y a une fibre qui est souvent citée et qui est bien notée, c’est le Lyocell, détaille Vanessa Pasquet. C’est une fibre synthétique artificielle assez peu émissive. Mais attention, il n’existe pas de fibre miracle, toutes ont un impact.” 

Toutes ont un impact mais certaines moins que d’autres. Le sujet majeur du moment sur l’éco-conception, ce sont les fibres recyclées : coton recyclé, viscose recyclée ou encore polyester recyclé. Reprenons notre exemple du t-shirt en coton. Avec du coton recyclé, l’empreinte carbone totale du t-shirt chute de 35% environ, avec évidemment une très forte baisse des émissions liées à la production de la matière première. 

Beaucoup de marques, y compris celles de la fast fashion, investissent par ailleurs dans le polyester recyclé. Primark a ainsi lancé de nouvelles collections en polyester recyclé, H&M aussi ou encore Shein. Adidas aussi s’est engagé à remplacer tout le polyester vierge par du polyester recyclé dès 2024. Une tendance très critiquée par certains experts ou certaines marques éco-responsables. Dans cet article par exemple, la marque française Loom explique pourquoi le polyester recyclé n’est qu’un subterfuge selon elle permettant aux grandes marques de la fast fashion de poursuivre leur croissance tout en ne limitant pas leurs émissions. Le polyester recyclé, et quand il est bien recyclé, permettrait bien de réduire de 13% environ l’empreinte carbone totale d’un vêtement. Ce n’est pas négligeable mais cela reste assez faible. D’autant que selon ce rapport, moins de 1% du marché des fibres recyclées provenait en 2021 de vêtements recyclés et que les ventes de vêtements en polyester vierge sont en forte croissance par ailleurs. Un écran de fumée donc selon Loom qui conclut : l’essentiel est ailleurs, il faut avant tout moins produire et moins consommer et donc réutiliser nos vêtements, allonger leur durée de vie. 

Sur la phase de confection, deux leviers : 

  • sélectionner des fournisseurs qui ont intégré des énergies renouvelables ou des process plus sobres en énergie. Les différentes phases de la conception génèrent beaucoup d’émissions liées à la consommation d’énergie. Le potentiel de réduction est donc important. Et ce travail peut être fait avec des fournisseurs installés dans les pays producteurs où pourtant le mix énergétique est très carboné. 
  • relocaliser la production en France ou dans d’autres pays où le mix énergétique est beaucoup moins carboné qu’en Chine, au Bangladesh ou en Inde.   

Enfin, il faut travailler sur les taux de pertes. Ils sont en effet importants lors de la phase de fabrication. Reprenons notre exemple du t-shirt en coton et de ses impacts. La base Ecobalyse estime ainsi que pour un t-shirt de 170 grammes environ, il faut 254 grammes de coton. Or, on l’a vu, la phase de production du coton est associée à de nombreux impacts. 

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La réglementation 

  • Affichage environnemental

La loi Climat et résilience prévoit l’entrée en vigueur le 1er janvier 2024 d’un affichage environnemental dans le secteur de l’habillement. Concrètement, il s’agira d’une étiquette environnementale placée sur les emballages ou sur tout autre support de communication et qui devra informer les consommateurs de l’impact environnemental de l’article. 

Plusieurs expérimentations ont été menées l’an dernier, elles ont permis de déterminer 8 critères d’impact environnemental qui vont être étudiés afin de déterminer la méthode de calcul de l’éco score dans le textile. 

Les 8 critères de l'affichage environnemental textile

  • Obligations de transparence

La loi Agec impose aux entreprises du secteur textile plus de transparence. Depuis le 1er janvier de cette année, elles doivent donc indiquer pour chaque produit : 

  • Les pays des étapes de tissage, teinture et confection.
  • Le taux de matière recyclée.
  • La présence de microfibres plastiques et matières dangereuses.

Les labels

Pour les consommateurs, afin de réduire leur empreinte, la première action, c’est d’acheter moins de vêtements et ensuite d’acheter mieux ! Pour cela, on peut se fier à plusieurs labels. Ceux qui sont détaillés ci-dessous ont tous été testés et sont recommandés par l’Ademe, vous retrouvez la liste complète ici

  • GOTS (Global Organic Textile Standard)

Il garantit au moins 70% de fibres certifiées biologiques dans le vêtement. Les substances dangereuses pour la santé sont soit limitées, soit interdites. Plusieurs substances dangereuses pour l’environnement sont interdites durant la phase de fabrication. 

  • Oeko-Tex

Il vise à réduire l’impact du vêtement sur la santé humaine. Plusieurs substances dangereuses pour la santé et l’environnement sont limitées ou interdites comme les colorants dangereux. Des valeurs limite de substances chimiques dans le produit fini sont fixées et toutes les parties du vêtement sont analysées. 

  • Ecolabel européen 

Ce label ambitieux impose un minimum de fibres biologiques ou recyclées selon la matière utilisée. Par exemple, pour les vêtements en coton, il faut minimum 95% de coton biologique. Le polyester doit lui intégrer entre 20 et 50% de polyester recyclé. Par ailleurs, les substances dangereuses pour la santé ou pour l’environnement sont limitées durant les phases de teinture ou d’impression. 

Peu de vêtements bénéficient aujourd’hui de cet Ecolabel européen. 

Les financements

Le Diag Decarbon’Action

Afin de réaliser son bilan carbone, vous pouvez bénéficier du dispositif Diag Decarbon’Action. Cette offre d’accompagnement est opérée par Bpifrance en collaboration avec l’Association Bilan Carbone et elle est co-financée par l’ADEME. 

Le Diag Decarbon’Action permet : 

  • De mesurer ses émissions de gaz à effet de serre
  • De mettre en place une stratégie climat pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre
  • Un accompagnement dans la mise en œuvre de premières mesures du plan d’action. 

Sont éligibles les entreprises de moins de 500 salariés n’ayant jamais réalisé de bilan carbone jusque-là. Le dispositif prévoit alors une subvention de : 

  • 4000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés
  • 6000 euros pour les entreprises de plus de 250 à 499 salariés

Et bonne nouvelle, Sami fait partie des entreprises sélectionnées par la BPI pour réaliser les bilans carbone et pour l’accompagnement. 

Rendez-vous sur cet article pour tout savoir sur le Diag Decarbon’Action ! 

Subvention Tremplin

Tremplin, c’est le dispositif d’aides à la transition écologique dédié aux TPE et aux PME. Il permet d’accéder à des aides dans tous les domaines de la transition écologique, y compris dans l’éco-conception dont on a parlé plus haut. 

Le dispositif prévoit ainsi une aide jusqu’à 5000 euros pour accompagner les entreprises dans leurs premiers pas autour de l’écoconception. Il peut d’agir d’un premier bilan des enjeux de l’entreprise, d’analyses de cycle de vie simplifiées ou de la mise en place d’une stratégie. Là encore, Sami peut vous accompagner dans ces démarches tout en bénéficiant de cette aide. 

Au-delà de ce diagnostic et de cette aide, l’ADEME prévoit aussi un accompagnement financier pour les entreprises réalisant des investissements pour améliorer la performance environnementale de leurs produits ou de leurs services suite à la réalisation d’un diagnostic éco-conception. 

Les investissements doivent viser l’obtention d’un produit éco-conçu ou par exemple l’amélioration d’une note d’affichage environnemental. 

Le montant de l’aide varie de 15 à 55% des investissements réalisés selon la nature des projets et la taille de l’entreprise. 

Vous retrouverez plus d’informations ici

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