Qu'est ce que la contribution ou compensation carbone?

Grégoire Guirauden

Co-founder @Riverse, Permettre aux solutions bas-carbone de monétiser leur impact

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À noter : Dans cet article nous utiliserons l’expression “compensation carbone” plutôt que “contribution carbone”. Comme nous allons vous l’expliquer (petit spoiler de la partie 1.2), le terme “contribution carbone” est le terme à préférer mais malheureusement pas encore adopté par tout le monde ! Donc pour permettre à un maximum de personnes de lire cet article (et donc comprendre la différence entre les 2 termes) nous avons décidé de garder “compensation carbone” pour être mieux référencé et donc apparaître le plus haut dans vos recherches !

Toutes les activités humaines, comme se déplacer, se chauffer ou se nourrir émettent des gaz à effet de serre. Ces émissions contribuent à renforcer l’effet de serre et provoquent le réchauffement climatique.

La contribution ou compensation carbone est un des mécanismes aujourd’hui mis en avant pour limiter le réchauffement climatique et ses conséquences.

Bien que ce mécanisme soit nécessaire pour atteindre nos objectifs climatiques, il est très important de le définir clairement et d’en comprendre les limites. C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Cet article a été réécrit en collaboration avec notre partenaire Riverse, nouveau standard universel de certification de crédits carbone volontaires, pour permettre aux entreprises d’acheter des crédits carbone directement en lien avec leurs activités, pour une contribution carbone cohérente, qui ait du sens.


1. La contribution ou compensation carbone, c’est quoi ?

1.1 Définition

Contribuer à la neutralité carbone collective ou compenser son empreinte carbone, c’est financer des projets de réduction ou de séquestration de carbone (conservation de forêts par exemple) à hauteur de sa propre empreinte carbone résiduelle.

Concrètement, cela revient à acheter des crédits carbone, qui permettent de quantifier les tonnes de CO2 évitées ou réduites par les projets financés. Attention: pour pouvoir vendre des crédits carbone, les développeurs de projet doivent labelliser les projets et ainsi respecter des critères de qualité. Consultez notre article détaillé pour tout savoir sur les crédits carbone


Par exemple, une entreprise qui a une empreinte carbone de 2500 tonnes de CO2 une année donnée peut "compenser" cette empreinte en finançant des projets qui vont permettre de réduire ou capturer 2500 tonnes de CO2.

1.2 Contribution ou compensation carbone ? Les mots ont un sens

De plus en plus de voix s’élèvent pour parler de “contribution carbone” plutôt que de “compensation carbone”. À l’échelle d’une entreprise, il faudrait dire qu’elle contribue à la neutralité carbone plutôt qu’elle est neutre en carbone.

En effet les termes “compensation” et “neutralité” sont vendeurs mais peu rigoureux scientifiquement. Ils partent du postulat qu’une émission certaine et immédiate est compensée par une absorption présumée, et souvent future. De plus, ils laissent penser qu’on peut régler le problème climatique par une simple écriture comptable, et ne favorisent donc pas l’engagement au long terme (ce qui est pourtant nécessaire). Même si la contribution est très importante pour le climat, la priorité est à la réduction de ses propres émissions ! On passe d’une logique de possession des réductions à une logique de contribution aux réductions mondiales.

1.3 Compensation carbone d’entreprise

Entreprises, collectivités, Etats, particuliers : tout le monde peut faire appel au mécanisme de compensation carbone. C’est un mécanisme principalement volontaire, à l’exception de quelques secteurs obligés depuis peu de compenser l’empreinte carbone de leurs activités (par exemple, le système CORSIA dans l’industrie aérienne).

Dans les faits, ce sont principalement les entreprises qui mettent en place une démarche de compensation carbone. Toutefois, la prise de conscience citoyenne fait que les particuliers s’intéressent de plus en plus à la démarche.

1.4 Entreprise neutre en carbone ?

En France, un décret de la Loi Climat encadrera à partir du 1er janvier 2023 toutes les allégations relatives aux produits, services ou entreprises qui veulent utiliser les termes “neutre en carbone” ou encore “Net Zéro”.

Ce décret impose que l’entité communique sur l’empreinte carbone Scope 1, 2, 3 du produit ou service, ai mis en place un plan de réduction en cohérence avec les accords de Paris, ai déjà effectué des réductions effectives, et détaille l’origine des crédits carbone financés, segmentés dans trois catégories de prix : inférieur à 10€, entre 10 et 40€, supérieur à 40€.

Toutefois, des organisations influentes comme l’Ademe par son Avis d’Experts sur la Neutralité Carbone, ou Carbone4 par son rapport Net Zero Initiative, réfutent de manière véhémente la rigueur scientifique de ces allégations. Il est donc fortement conseillé, en France, d’utiliser la terminologie “contribuant à la neutralité carbone collective”, et d’être ambitieux sur son plan de réduction, ses réductions effectives, ainsi que les crédits carbone financés.

Des entreprises, notamment dans le monde anglo-saxon, disent être négatives en carbone : cela correspond à financer un nombre de tonnes de CO2 plus important que sa propre empreinte. C’est l’exemple de Microsoft.

‍En France, le groupe La Poste s’est engagé très tôt en comptabilisant et réduisant les émissions liées à ses activités. Grâce au financement de différents projets de contribution carbone, La Poste contribue à la neutralité carbone collective à hauteur de ses émissions depuis 2012 et fait figure de précurseur via le financement de projets français du Label Bas Carbone.


2. À quoi ça sert ?

Le mécanisme de compensation carbone a été créé pour pousser le financement de projets de réduction d’émissions (énergies renouvelables, efficacité énergétique, etc.) ou de renforcement des puits de carbone (conservation de forêts tropicales, reforestation, etc).

En effet, la réduction des émissions et l’augmentation des puits de carbone sont deux moyens de limiter le réchauffement climatique et ses conséquences désastreuses.

Les entreprises, Etats ou particuliers qui financent des projets peuvent donc contribuer à réduire des émissions ou séquestrer du carbone en dehors de leur propre empreinte carbone.

3. Comment compenser son empreinte carbone ? 

3.1 Il faut réduire ses émissions en parallèle

Pour compenser ses émissions de gaz à effet de serre, il faut bien entendu être capable de les quantifier et donc les mesurer.

Pour les entreprises, la mesure des émissions se fait via la démarche de Bilan Carbone mentionnée plus haut. Pour les particuliers, cela peut se faire avec un calculateur en ligne, comme celui de l’ADEME. 

Mais passer tout de suite de la mesure des émissions à la compensation du bilan carbone, sans se poser la question de réduire sa propre empreinte, est une approche critiquable. 

D’une part, il y a un décalage dans le temps qui fait que les réductions ou séquestrations financées par la compensation carbone sont étalées sur la durée alors que les émissions compensées partent dans l’atmosphère tout de suite.

D’autre part, si on considère que la compensation carbone est le moyen principal de lutter contre le changement climatique sans réduire les émissions au niveau de l’entreprise, les émissions vont continuer à augmenter et il n’y aura plus assez de projets à financer pour tout le monde. La compensation carbone n’est malheureusement pas une baguette magique!

Pour ces raisons, il est primordial de chercher à réduire ses émissions au maximum en parallèle d’un programme de compensation carbone.

Pour cela, une entreprise peut mettre en place un plan d’action de réduction d’émissions et les particuliers peuvent prendre de bonnes résolutions pour le climat pour baisser leur empreinte carbone personnelle !

3.2 Combien contribuer ou compenser ?

Évidemment, le plus de tonnes de CO2 vous allez financer, le mieux pour le climat ! Aujourd’hui, le schéma traditionnel est de financer le nombre de tonnes de CO2 qui correspond à l’empreinte carbone complète (même si certaines entreprises se limitent aux Scope 1 et 2 de leur empreinte carbone). 

Mais rien ne vous empêche d’être plus ambitieux et de financer 2 fois votre empreinte, ou plus ! 

Ou, pour sortir complètement du jeu comptable émissions / compensation, il est tout à fait envisageable de définir un financement basé sur un pourcentage du chiffre d’affaires pour les entreprises. 

3.3 Achat et plantation d’arbres, énergies renouvelables: choisir ses projets

Différents types de projets

Plantation d’arbres, projets d’énergie renouvelable, fours optimisés dans des villages défavorisés… Il existe de nombreux types de projets pour compenser son empreinte carbone. Historiquement, les projets sont surtout situés dans des pays en voie de développement ou pays émergents mais de plus en plus de projets voient le jour dans les pays développés, y compris en France via le Label Bas Carbone.

Souvent, ces projets environnementaux présentent des co-bénéfices : en plus de réduire ou capter du CO2, ils ont des effets bénéfiques sur la biodiversité, la pollution, les conditions sociales des populations concernées, etc.

Ils ont également un prix à la tonne de CO2 qui varient en fonction du coût d’implémentation du projet.

Les gages de qualité

Comment s’assurer que le projet financé a ou va effectivement réduire/séquestrer les tonnes de CO2 promises ? 

Plusieurs labels peuvent vous guider (les plus connus étant VCS et Gold Standard) et assureront que le (ou les) projet(s) que vous voulez financer répondent aux normes et critères en vigueur. 

Choisir les bons projets de compensation carbone n’est pas toujours facile : il faut s’assurer de la qualité et du sérieux du projet en essayant de combiner cela avec son budget et ses préférences sur les types de projet.

Pour plus de détails sur les différents types de projet et les gages de qualité, faites un tour sur l’article Crédit Carbone.

3.4 Le cas de la compensation carbone de l’avion

La compensation carbone d’un vol est de plus en plus fréquente. Beaucoup de particuliers ou professionnels veulent compenser l’empreinte carbone d’un vol, car c’est souvent l’activité la plus émettrice au niveau individuel et elle est perçue comme superflue, au contraire du chauffage ou de l’électricité utilisée par exemple.

D’ailleurs, de plus en plus de compagnies aériennes proposent à leurs clients de compenser l’empreinte carbone de leur vol, via des programmes de compensation carbone (plus ou moins sérieux d’ailleurs).

Le secteur de l’aviation est responsable d’environ 5% des émissions mondiales annuelles, ces émissions croissent très rapidement : elles ont doublé entre 1990 et 2015 ! Les études avant le Covid prévoyaient une hausse continue du trafic et donc des émissions. 

Dans ce contexte, un accord international adopté en 2016 (CORSIA) stipule que toutes les émissions liées à l’aviation, supérieures au niveau de 2020, devront être compensées. On a donc ici un exemple de compensation carbone obligatoire.

 

4. Les limites de la compensation carbone

Il faut d’abord vérifier que votre financement va effectivement être utile au développement du projet. Sinon le financement n’est pas “additionnel” et ce n’est pas de la compensation carbone. Certains opérateurs vendent de la “compensation carbone” qui n’est en fait que de l’investissement financier dans les forêts par exemple.

Le sérieux des projets que vous déciderez de soutenir est également primordial. De nombreux projets de compensation carbone privilégient la plantation de monocultures d’arbres à croissance rapide. Ces forêts captent du carbone rapidement, mais sont mauvaises pour la biodiversité et peuvent appauvrir les sols, deux autres problèmes environnementaux ! Si la forêt brûle ou si les arbres tombent malades, le carbone pourrait être renvoyé dans l’atmosphère.

Il faut donc se méfier de ce type de projets (souvent les moins chers). Vous pourrez vérifier, par exemple avec l’aide des labels, que vous soutiendrez des projets qui sont audités pour vérifier la captation ou la réduction d’émissions et qui n’ont pas d’autres effets sociaux ou environnementaux négatifs.‍

Compenser son empreinte carbone - ou plutôt contribuer à la neutralité carbone - est nécessaire pour avoir un engagement climatique complet et ambitieux pour une entreprise ou un particulier. Mais seulement compenser n’est pas suffisant, il faut aussi et surtout réduire ses émissions.

Il faut également être attentif à comment on compense, financer le bon montant et les bons projets. Chez Sami, c’est précisément ce que nous aidons nos clients à faire : définir une politique de compensation sérieuse et impactante et choisir les meilleurs projets !

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