Les Samis, peuple symbole et modèle

Anna Inisan

Rédactrice climat

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En 2009, le film Avatar dépeignait l’affrontement entre une compagnie d'exploitation de ressources minières et un peuple autochtone de la planète Pandora, les Na’vis.

Sur Terre, l’une des plus grandes menaces à la survie des peuples autochtones est le réchauffement climatique. Hausse des températures, épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, incendies qui se multiplient: voilà autant de facteurs qui menacent ces peuples qu’on appelle également “indigènes”.

 

Aujourd’hui, on vous parle des Samis, ce peuple autochtone qui vit dans les pays nordiques. Alertés par sa vulnérabilité face au changement climatique, on s’en est d’ailleurs inspiré pour notre nom.

1. Les Samis, victimes des excès de nos choix économiques

Les Samis sont un peuple autochtone qui peuplent la région de Sápmi, appelée Laponie en français, située au nord de trois pays nordiques (Norvège, Finlande et Suède) et sur la péninsule de Kola en Russie. La population de Samis est composée de 70 000 à 100 000 habitants et vit dans la région depuis des milliers d’années. 

 

Les Samis sont aussi un exemple de sobriété. Mais qu’est-ce ça veut dire exactement ? Non, la sobriété ce n’est pas le retour à la lampe à huile. C’est la réévaluation de nos besoins et la distinction entre ce qui est superflu et ce qui est nécessaire : vivre avec moins, certes, mais surtout vivre avec mieux.

Chez les Samis cela se traduit par un attachement fort à la nature et par conséquent le fait de ne pas prendre plus que ce dont ils ont besoin. Aili Keskitalo, femme politique norvégienne d’origine Saami explique que bien qu’une majorité des Samis aient adopté un mode de vie moderne, ils ont gardé un système de valeurs basé sur l’économie circulaire et la frugalité.

 

La présence des Samis est marquée en vert sur la carte, au Nord de l’Europe.

1.1. Le changement climatique

Aujourd’hui, le mode de vie des Samis est largement remis en question par les effets du réchauffement climatique. La température moyenne dans la région n’a cessé d’augmenter ces dernières années. En 2017, la température terrestre en Arctique a surpassé de 1,6°C la moyenne de la période 1981-2010. Dans l’archipel Norvégien de Svalbard, avec 21,7°C relevés le 25 juillet 2020, l’Arctique a connu son jour le plus chaud depuis le début des relevés météorologiques.

 

Comme le montre la carte ci-dessous, la hausse des températures est environ deux fois plus élevée dans la région Arctique que sur le reste du globe.

 

Source: Washington Post, Berkeley Earth

Conséquences de la hausse des températures, les sécheresses et les incendies se multiplient et détruisent des terres vitales pour les éleveurs de rennes Samis. Et ce, alors qu’ils font déjà face depuis de nombreuses années à d’autres pressions environnementales : exploitation minière et atteinte à la biodiversité, déforestation et reboisement mal géré et autres problèmes liés à notre empreinte écologique.

En 2021, un projet de géo-ingénierie a été envisagé en Suède, sur les terres des Samis. La géo-ingénierie désigne tous les projets scientifiques concernant la modification du climat à l’aide de technologies. Le projet en question, intitulé Stratospheric Controlled Perturbation Experiment (SCoPEx), consistait à envoyer un ballon en haute altitude afin de relâcher des particules visant à atténuer les effets des rayonnements du soleil et ainsi refroidir l’atmosphère. Un comité spécial a été mis en place par Harvard afin d’étudier le coût éthique et environnemental de ce projet et a demandé l’annulation du vol prévu en juin.

En effet, la géo-ingénierie ne faisant pas consensus dans le milieu scientifique et les Samis n’ayant pas été consultés lors des négociations concernant ce projet, il a été annulé pour l’instant.

 

1.2. L’exploitation des ressources naturelles

L’industrie forestière contribue aussi au problème: elle coupe les arbres sur lesquels poussait le lichen dont se nourrissent les rennes. Résultat, les surfaces de lichen ont diminué de plus de 71% depuis 1953 dans le nord de la Suède.

Certains éleveurs n’ont plus d’autre choix que de nourrir leurs rennes. Pour cela, ils sont obligés de les placer dans des enclos, où l’hygiène de vie n’est pas adaptée à des animaux habitués aux grands espaces. Les enclos deviennent des lieux de contaminations, remplis de facteurs de stress affaiblissant le système immunitaire des rennes : c’est un terrain fertile pour la propagation des maladies.

Enfin, un projet controversé d’une mine de fer à ciel ouvert a été acté par le gouvernement suédois en 2021. Ce projet pose plusieurs problèmes :

  • Il est prévu qu’il se situe dans la région de Gallok, au nord de la Suède, où est déjà implanté un grand élevage de rennes gérés par des Samis. De plus, le transport du minerai gênerait les itinéraires habituels des grandes migrations de rennes.
  • L’exploitation de la mine engendrerait de la pollution de l’eau et de l'environnement à cause de la poussière des métaux lourds et des déchets toxiques.

2. Les autres peuples autochtones


«Il faut se rappeler et préserver le lien spirituel profond que les peuples autochtones entretiennent avec leurs terres et leurs ressources. »
Antonio Gutteres, Secrétaire général des Nations Unies

La situation des Samis peut être comparée à celle d’un autre groupe autochtone nordique : les Inuits du Groenland. De manière générale, les peuples autochtones représentent environ 370 millions de personnes (selon les Nations-Unies), répartis dans 90 pays, issus de 5 000 cultures différentes.

Le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Gutteres, a rappelé à l’occasion de la Journée Internationale des peuples autochtones le “lien spirituel profond que les peuples autochtones entretiennent avec leurs terres et leurs ressources”, appelant à les préserver. Il a par ailleurs déclaré, dans le cadre de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones, que les peuples autochtones doivent être reconnus pour leurs contributions et que la possibilité de prospérer en paix sur une planète saine doit leur être donnée.

En effet, selon un récent rapport du cabinet McKinsey, les communautés autochtones et locales à travers le monde gèrent des forêts contenant en carbone l’équivalent de 33 fois nos émissions annuelles actuelles. Pour en apprendre plus sur les peuples autochtones face au changement climatique, nous vous invitons à lire le rapport du Bureau International du Travail sur le sujet.

Si les peuples autochtones ont été largement oubliés des objectifs du Millénaire pour le développement, les Objectifs de développement durable (ODD) les mentionnent à six reprises dans le Programme 2030. L’Objectif 2 a pour objectif de doubler d’ici à 2030 la productivité agricole et les revenus des petits producteurs alimentaires parmi lesquels les autochtones, tandis que l’Objectif 4 entend assurer l’égalité d’accès des autochtones à tous les niveaux d’enseignement et de formation professionnelle. 

 

Suffisant pour protéger les Samis et les autres peuples autochtones ? Probablement pas. Les Samis, comme les autres peuples autochtones, contribuent très peu aux émissions de gaz à effets de serre, mais ils sont pourtant les premiers à en subir les conséquences. Pour les aider, il faut non seulement des mesures ciblées pour les peuples autochtones mais surtout accélérer la lutte contre le changement climatique.

 

À sa manière, Sami espère pouvoir apporter sa pierre pour aider les Samis !

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