C’est quoi le problème avec le climat déjà?

Tanguy Robert

Co-founder & co-CEO @Sami, coureur amateur et papa bas-carbone

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Le problème avec le climat?

1. Il se réchauffe vite

2. C’est la faute des humains

3. Les conséquences sont dévastatrices

Changement climatique, réchauffement climatique, dérèglement climatique... 

Différents noms pour un même problème: 1) une hausse des températures extrêmement rapide à l’échelle temps de la planète, 2) causée par les activités humaines depuis la révolution industrielle au 19e siècle, 3) dont les effets actuels et futurs mettent gravement en péril nos modes de vie.


1) La Terre se réchauffe vite. Trop vite.

En 2020, les scientifiques considèrent que la Terre s’est déjà réchauffée d’environ 1,1°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

  • Source : Berkeley Earth


Ce chiffre de +1,1°C est une moyenne globale. 

Cela signifie que le réchauffement est plus important dans certaines zones, comme le montre cette carte ci-dessous. En Europe par exemple, le réchauffement serait déjà d’environ +1,8°C. 

  • Source : Berkeley Earth / Washington Post


Et ça va continuer à chauffer.

> Jusqu’à +1,5°C même si on débranche tout. Si on arrête tout net les activités humaines, la hausse des températures va continuer au delà de +1,1°C jusqu’à environ 2040 en raison de l’inertie du système climatique.

> Entre +3°C et +5°C selon les scénarios “business as usual” ou de lente diminution des émissions. Différentes prédictions sont réalisées par les scientifiques, selon de très nombreux critères (si vous voulez regarder ça de plus près c’est ici : attention c’est pas de la tarte). L’horizon est généralement l’année 2100, dans 80 ans. Cela ne veut pas dire qu’en 2100 le réchauffement s’arrêtera magiquement ! C’est simplement pour donner une référence.

> Jusqu’à +6°C / +7°C? Selon les derniers modèles climatiques des climatologues français, le “worst-case scenario” se situe même plutôt autour de +6°C à +7°C en 2100.


  • Source : Carbon Brief. A gauche les différents scénarios d’émissions, à droite la hausse de température moyenne correspondante.

2) C’est la faute des humains

“Mais pourquoi ça chauffe? Un cycle naturel du climat peut-être?”


Non. Ça chauffe à cause des activités humaines.

Pendant des dizaines d’années, les climatologues se sont bien creusé la tête pour établir avec certitude les causes de la hausse du thermomètre. Aujourd’hui, le consensus scientifique est catégorique : ce sont bien les activités humaines qui sont la cause du réchauffement climatique. Plus précisément, le principal coupable, ce sont les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère induites par nos activités.

  • Source : GIEC. L’intervalle rose est la variation de température modélisée en prenant en compte les activités humaines alors que l’intervalle bleu correspond à une variation de température modélisée uniquement avec les événements naturels (radiations solaires, volcans, etc.). On peut voir que la courbe noire, qui est la hausse de température effectivement observée, suit l’intervalle rose incluant les activités humaines.

Quelle est l’explication scientifique? 

En gros, en rejetant de grandes quantités de GES, nous augmentons la concentration de ces gaz dans l’atmosphère, ce qui accentue le phénomène naturel d’effet de serre qui permet de garder la chaleur du soleil.

  • Source : Our world in Data. La concentration atmosphérique de CO2, principal gaz à effet de serre, a dépassé les 400 ppm pour la première fois en 800 000 ans.

Les émissions de GES, c’est quoi?


Ces gaz à effet de serre (GES), vous connaissez sûrement les 2 principaux. 

1) Le dioxyde de carbone (C02): contribue pour 75% au réchauffement. Il sort notamment de votre pot d’échappement, de la centrale à charbon, de l’usine de béton, et de plein d’autres activités humaines qui impliquent l’utilisation d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).

2) Le méthane (CH4): contribue pour 15% au réchauffement. Il est en partie émis par les rots des vaches quand elles broutent l’herbe (et non par leurs flatulences comme le veut la croyance populaire).

Il y en a d’autres: le protoxyde d’azote (N2O) - 6% du réchauffement - émis principalement par l’utilisation d’engrais agricoles ; les gaz fluorés (HFC, SF6, etc.) qui sortent notamment de votre frigo ou de votre clim’ ; la vapeur d’eau (eh oui !) ; etc.


D’où viennent ces émissions?

Vous pouvez voir le top 11 des activités émettrices ci-dessous. La production d’électricité et de chaleur reste de loin l’activité émettrice n°1.

  • Source : Our world in Data

Qui émet?

Tous les pays du monde, la Chine étant bien en tête devant les Etats-Unis et l’UE. 


  • Source : Our world in Data

La mauvaise nouvelle : les émissions augmentent sans cesse et la croissance des émissions s’est même accélérée ces 20 dernières années. Seule exception : 2009, au plus fort de la crise économique. Il est très probable que 2020 marquera également une baisse des émissions, crise du Covid19 oblige. Mais régler la crise climatique par des crises économiques en série n’est pas souhaitable. 


La bonne nouvelle : étant donné que nos émissions de GES sont la cause du changement climatique, nous pouvons agir pour les réduire. Cela permettra de diminuer l’ampleur du réchauffement climatique et d’atténuer ses effets dangereux décrits ci-dessous.


3) Les conséquences sont dévastatrices

“Et alors, quel est le problème? +3°C ou +5°C, c’est plutôt sympa non?”

Pas vraiment. Les phénomènes climatiques dangereux déclenchés par la hausse du thermomètre sont très nombreux.


  • Source : Met Office, UK government

> 5°C de différence dans notre système climatique, c’est énorme. Pour vous donner une idée, quand la Terre est 5° plus froide en moyenne qu’aujourd’hui, elle est en pleine ère glaciaire et tout le nord de l’Europe (dont la moitié de la France) est recouvert de glace.

> Les canicules et sécheresses se multiplient. Notez bien qu’on parle au présent et pas au futur. Ce phénomène est déjà à l’oeuvre en France et partout dans le monde. La canicule de 2003 pourrait devenir la norme l’été. D’ici 2050 dans le monde, il pourrait y avoir 50% de canicules en plus par rapport à aujourd’hui. En conséquence, les sécheresses et les incendies se multiplient aussi. 

> Les océans inondent le continent. Le phénomène de la montée des eaux, provoqué par la hausse des températures et la fonte des glaces, est difficile à prévoir. Mais les scientifiques estiment qu’à +4°C, de très nombreuses zones côtières seront sous l’eau ou régulièrement inondées : la moitié des Pays-Bas, des villes comme New York, Londres, Hong-Kong, Shanghai, etc… Sans parler de pays entiers comme les Maldives qui pourraient être sous l’eau dès +2°C.

> Des modes de vie bouleversés. Le ski dans les Alpes, le vin à Bordeaux et en Alsace, les huîtres du bassin d’Arcachon, les vacances en Andalousie, le carnaval de Venise… toutes ces activités humaines sont fortement menacées par le changement climatique.

> L’approvisionnement des humains en eau potable et nourriture en danger. C’est probablement le risque le plus dangereux pour les humains. A +4°C par exemple, il est estimé que la production de blé en Inde et de maïs aux Etats-Unis baisserait de 60%... Les stocks de poissons vont diminuer en raison de l’acidification des océans. Des famines pourraient se multiplier et des conflits pourraient éclater en conséquence avec leurs lots de migrations.

> Les “rétroactions climatiques” (“feedback loops” en anglais). Ce sont des phénomènes causés par le changement climatique et qui en aggravent les causes. Des cercles vicieux du climat en quelque sorte. Elles sont très craintes par les scientifiques car leur seuil de déclenchement n’est pas connu et pourraient nous enfermer dans une mécanique inarrêtable. Elles sont, de l’avis de nombreux scientifiques, sous-estimées dans les modélisations reprises par le GIEC. Les 4 principales:

1. Le dégel du permafrost, ce sol gelé qui couvre 20% de la surface des continents (Sibérie, Alaska). Il renferme une quantité gigantesque de carbone : plus de 2 fois que ce qu’il y a dans l’atmosphère. Quand ce permafrost fond, le carbone est libéré sous forme de méthane et accélère considérablement le réchauffement climatique.

2. La diminution de “l’effet albédo”, via lequel la glace reflète une grande partie des rayons du soleil et évite ainsi qu’ils ne réchauffent la Terre. Une mer Arctique non gelée en été, la fonte des glaciers au Groenland et au Canada... la fonte des glaces réduit la réverbération des rayons du soleil et accélère le réchauffement. Et plus il fait chaud, plus la glace fond... 

3. Le détachement et la fonte de l’inlandsis Ouest-Antarctique, bloc de glace gigantesque de la taille de l’Europe de l’Ouest. Il se déroulerait sur plusieurs centaines d’années et élèverait le niveau de la mer de 3 à 4 mètres.

4. La saturation des forêts en CO2, qui ferait que les forêts n’arriveraient plus à capter du CO2 et pourraient même en émettre.

La liste est encore longue. Toutes les semaines une équipe de chercheurs quelque part sur Terre identifie une nouvelle conséquence négative du changement climatique. Selon la Banque Mondiale, “il n’y aucune certitude que l’adaptation de nos modes de vie à une Terre à +4°C est possible.” 

Mais on va s’arrêter là ! Place à l’action.

Limitons le réchauffement en dessous de +2°C

En réalité, il faudrait même limiter à +1,5°C pour limiter au maximum les effets négatifs du changement climatique. Mais de plus en plus de scientifiques disent qu’il est déjà trop tard pour limiter le réchauffement à +1,5°C. D’où cet objectif de limiter le réchauffement à +2°C maximum, repris par les gouvernements lors de l’Accord de Paris. Un objectif ambitieux mais atteignable pour ce qui constitue le plus grand défi de l’humanité au XXIème siècle.


En plus des gouvernements, les entreprises et les particuliers doivent également se mobiliser pour contribuer à la réduction des émissions de GES et ainsi atteindre l’objectif 2°C.


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