Sobriété en entreprise : 10 min pour tout comprendre

Bérénice Bieuville

Rédactrice et briseuse de mythes @Sami, Stratège marketing @Oser Vert

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La sobriété est sur toutes les lèvres… Et se fait même une place dans les démarches RSE. Et pour cause ! Cette frugalité volontaire répond aux enjeux climatiques, énergétiques, économiques ou encore sociaux. Comment mettre en place la sobriété en entreprise ? De la frugalité énergétique au bas carbone, on vous présente les actions prioritaires pour votre structure. C’est parti !

1. Face aux enjeux actuels : des entreprises plus performantes, à tous les niveaux

La sobriété, c’est répondre à ses besoins, avec un minimum de ressources. Face aux enjeux climatiques, environnementaux et même sociaux, cette démarche apparaît comme une solution indispensable. En prime, c’est la promesse d’entreprises plus compétitives, plus performantes, des process optimisés et des économies financières à tous les niveaux.

1.1 Différents types de sobriété des organisations

L’association négaWatt identifie plusieurs types de sobriété.

  • Sobriété dimensionnelle. On choisit un équipement adapté au besoin. Pas surdimensionné (pas besoin de prendre le 4x4 pour aller acheter du pain au bout de la rue), ni sous-dimensionné.
  • Sobriété coopérative. On mutualise les matériels et usages. C’est possible entre différentes entreprises sur un pôle d’activité ou un territoire, entre les salariés (avec le covoiturage ou le flex office par exemple). Découvrez d’ailleurs notre guide sur la mobilité des salariés.
  • Sobriété d’usage. On met en place une gestion raisonnable des appareils, en particulier sur la durée d’utilisation, le fonctionnement en capacité optimale, etc.
  • Sobriété organisationnelle. On structure différemment les activités, dans l’espace et le temps. Télétravail, agencement des bâtiments pour favoriser la récupération de chaleur, etc.
  • Sobriété matérielle. On réduit l’achat d’équipements et l’utilisation de matières premières.

Vous l’avez compris : la sobriété, c’est une réflexion globale sur les procédés de l’entreprise !

C’est pourquoi votre plan d’action doit, lui aussi, être global. 

1.2 Sobriété énergétique : quelques définitions pour y voir plus clair…

Efficacité, sobriété, transition… Vous êtes perdu ? Revenons sur quelques termes essentiels du monde du développement durable.

La sobriété énergétique :

C’est la diminution de la consommation d’énergie en ajustant les usages et objectifs aux besoins réels. Cela passe par un questionnement de nos modes de fonctionnement : ce confort est-il vraiment nécessaire ? 

Prenons un exemple… J’ai besoin d’avoir suffisamment chaud dans les bureaux. Pour ça, je peux chauffer davantage, mieux isoler, mettre plusieurs personnes dans un open space ou encore viser une température plus basse et porter des pulls. Dans une démarche de sobriété en entreprise, on évitera de chauffer, pour favoriser les autres solutions. 


L’efficacité énergétique :


C’est l’objectif de diminution des consommations d’énergie, mais cette fois en passant par la performance des équipements. Pour faire simple, on choisira des machines moins gourmandes, pour le même résultat et usage. 

Reprenons l’exemple du chauffage : il s’agira de remplacer nos radiateurs vieillissants par des appareils plus performants.

La transition énergétique :

Elle consiste à diminuer l’empreinte carbone et environnementale de nos consommations énergétiques. Pour ça, on active plusieurs leviers :

Pour continuer notre exemple d’un bureau bien chauffé, on mènera une transition énergétique en récupérant la chaleur fatale (ou chaleur perdue) de l’usine voisine. 

Exemple d’application


Un autre exemple pour bien différencier ces différents termes : la mobilité. Pour diminuer l’empreinte environnementale du trajet domicile-travail des équipes.

  • Une démarche de sobriété invitera au télétravail, ou à l’utilisation du vélo. On proposera le train et les transports en commun pour de plus longues distances.
  • Une démarche d’efficacité énergétique proposera des voitures hybrides, des véhicules électriques (en ville) ou du covoiturage (on garde le véhicule motorisé, mais avec moins d’énergies fossiles).
  • Une démarche de transition énergétique pourra cumuler ces différentes propositions.

À noter : certains projets devront s’inscrire sur le long terme pour apporter tes résultats.

💡 Pour aller plus loin, découvrez notre guide sur la mobilité bas-carbone des collaborateurs.

Et maintenant, comment on met en place la sobriété en entreprise ? On vous explique, avec des actions concrètes et des partenaires de confiance pour aller plus loin. On commence par… Les enjeux d’énergie !

2. Plan de sobriété énergétique : c’est quoi ?

2.1 En quelques mots

Le plan de sobriété énergétique, c’est 15 mesures phares pour diminuer les consommations d’énergie des entreprises en France.

Ce plan d’action a été présenté par le gouvernement le 6 octobre 2022. Il comprend des recommandations allant de la lutte contre le gaspillage de kWh, à la mobilité durable, en passant par l’efficacité énergétique ou la sensibilisation à l’environnement en entreprise. Avec cette stratégie, Élisabeth Borne, Première Ministre, fixe l’objectif de baisser de 10 % la consommation d'énergie en France entre 2022 et 2024.

Différents secteurs d’activités se sont engagés à réduire leurs dépenses énergétiques — en particulier les PME (petites et moyennes entreprises) du commerce, de l’artisanat et du tourisme.

2.2 Dès 2022, des enjeux énergétiques grandissants

Cette stratégie répond à de multiples enjeux.

  • Tensions sur l’approvisionnement, particulièrement importantes à l’automne 2022 à cause d’un concours de circonstances (centrales nucléaires à l’arrêt, volonté de diminuer le gaz russe, etc.).
  • Réchauffement climatique, et une conscience grandissante de la nécessité de diminuer nos émissions carbone.
  • Problématiques pour l’approvisionnement des terres rares, à cause de ses conséquences sociales, environnementales et géopolitiques.
  • Enjeux financiers pour les entreprises : avec la hausse des coûts de l’énergie, chaque kWh économisé est bienvenu !

Le secteur industriel, c’est 20 % des émissions carbone de la France. Dans le secteur industriel, en particulier, le potentiel d’économies est énorme. L’ADEME affirme, dans sa vision 2030 - 2050, que l’industrie pourrait réduire de presque 20 % ses consommations d’énergies entre 2010 et 2030.

3. 12 actions prioritaires pour la sobriété énergétique

Voilà une liste d’actions pour réduire vos consommations d’énergie en entreprise. Ces mesures sont issues du Plan de sobriété énergétique et des recommandations de l’ADEME. 

3.1 La première action indispensable

Avant tout, commencez par réaliser un diagnostic énergétique. Il s’agit de visualiser et analyser vos consommations d’énergie. Quel type d’énergie ? Combien de kWh ? Pour quels usages ? Quels équipements ? Quand ? 

Ce premier état des lieux vous permettra de choisir des actions adaptées à votre situation, et de prioriser les plus pertinentes. C’est-à-dire celles ayant le meilleur retour sur investissement ! Et on ne parle pas seulement d’économies financières… Prenez aussi en compte les retours en termes de diminution des énergies fossiles, efficacité des process, mobilisation des équipes, etc.

Dans la foulée, mettez en place des outils de mesure, suivi et pilotage des consommations énergétiques. Indispensable pour identifier des fuites ou des opportunités d’économies.

3.2 Actions simples et immédiates pour réduire les factures d’énergie

  1. Mettre en place l’anti-gaspi dans l’éclairage : mesurez l’occupation des bâtiments pour éteindre l’éclairage en dehors des horaires d’utilisation, déployez des LED (diode électroluminescente, un dispositif très basse consommation) et installez éventuellement des détecteurs de présence.
  2. Paramétrer le chauffage en mode « sobriété ». Les recommandations de l’ADEME ? L’hiver, visez 19 °C pour les pièces en cours d’utilisation, 16 °C hors période d’occupation, 8 °C quand les lieux sont vides plus de deux jours. Raisonnez également la climatisation en été — entre autres grâce à un bon ombrage, l’ajout de végétaux, etc. D’après l’ADEME, une différence d’1 degré peut correspondre à 7 % de consommation d’énergie en moins !
  3. Fermer les portes pour éviter les échanges de chaleur entre les lieux de températures différentes.
  4. Réduire ou arrêter les systèmes audiovisuels non indispensables — en particulier les écrans dans les halls d’accueil et cantine, les panneaux publicitaires animés, etc. Confiez ces équipements désormais inutilisés à des structures de reconditionnement et valorisation.
  5. Réduire la consommation des appareils informatiques, en alliant un paramétrage efficace (veille des ordinateurs après 5 min, gestion optimisée des serveurs informatiques, baisse de la luminosité par défaut des écrans, etc.) et la sensibilisation des équipes (éteindre les ordinateurs et écrans la nuit). 

3.3 Actions long terme pour améliorer vos performances énergétiques

  1. Rénover la salle des serveurs : systèmes de refroidissement passifs (free cooling), valorisation de la chaleur des serveurs, PUE performants (Power Usage Effectiveness), etc.
  2. Envisager le remplacement d’équipements industriels vieillissants par des matériels plus performants. Veillez à la valorisation des anciens appareils (réemploi, reconditionnement, valorisation des pièces, etc.).
  3. Isoler les bâtiments.
  4. Sensibiliser les salariés aux écogestes en entreprise, et mettre en place un cadre pour les soutenir dans leur évolution. Mobilité douce, usage raisonné du numérique, extinction des ordinateurs, etc.

3.4 Quelques changements des modes de fonctionnement, vers la sobriété de l’entreprise

  1. Lors du remplacement des équipements numériques, limiter le nombre d’appareils (nombre d’écrans en particulier), choisir de bonnes performances énergétiques (labels 80 Plus et Energy Star) et un dimensionnement adapté (puissance du matériel informatique adapté au besoin, réduire la taille des écrans dès que possible).
  2. Mettre en place une maintenance régulière des équipements. En particulier les machines de refroidissement ou de chaleur (congélateurs, chaudière, pompe à chaleur, etc.), mais aussi les équipements industriels (dispositif à air comprimé par exemple). Traquez les fuites, nettoyez les systèmes, changez les filtres, optimisez les débits et températures de consignes, etc. Un mauvais entretien peut augmenter considérablement la consommation d’énergie.
  3. Optimisez l’usage des matériels industriels : par exemple, remplissez un seul appareil à 80 % de sa capacité, plutôt que 2 équipements à 40 %.

4. D’autres enjeux de sobriété en entreprise

Le besoin de frugalité ne s’arrête pas à l’énergie ! D’autres types de sobriété peuvent – et doivent ! – s’intégrer à la stratégie RSE des entreprises.

Dans tous les cas, un objectif : répondre à vos besoins, avec un minimum de ressources et d’impacts négatifs.

4.1 Sobriété carbone

Évidemment, comment ne pas aborder la réduction des gaz à effet de serre (GES) sur le blog de Sami ? 

Toute entreprise doit s’engager dans une démarche bas carbone, que ce soit pour respecter la loi, pour gagner en compétitivité ou pour contribuer à l’atténuation du réchauffement climatique.

  • Commencez par réaliser un bilan carbone. Un indispensable pour prendre conscience de vos émissions de gaz à effet de serre… Et leurs origines. 
  • Définissez ensuite un plan d’action pour réduire vos rejets de GES.

Souvent, la sobriété carbone est fortement liée à la sobriété énergétique. Et pour cause ! Les énergies fossiles sont l’un des principaux coupables du réchauffement climatique. Ainsi, une stratégie bas-carbone vous donnera des solutions pour réduire vos factures d’énergie, et vice versa. 

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4.2 Sobriété numérique

Le saviez-vous ? D’ici 2050, les matériaux indispensables pour fabriquer des équipements numériques… Seront épuisés. 

« Les minerais à partir desquels on fabrique le numérique sont en train de disparaître. Il nous reste 30 ans de numérique devant nous. » Frédéric Bordage, 2020.

La sobriété numérique n’est pas un luxe, ni une lubie écolo. C’est une nécessité. Et toutes les entreprises ont la responsabilité d’y contribuer. 

Concrètement, comment faire ? 

  • Favorisez un maximum les équipements numériques reconditionnés… Et intégrez vos anciens matériels à un circuit de réemploi ou reconditionnement. 
  • Raisonnez l’achat d’équipements numériques. En particulier, les deuxièmes (voire troisièmes !) écrans sont un désastre écologique. Accordez-en seulement aux métiers où cela s’avère indispensable.
  • Menez une démarche d’éco conception de vos services et supports numériques : site web, communication digitale responsable, etc. 
  • Réfléchissez à un business model basé sur l’usage plutôt que sur l’achat (via la location par exemple).

💡 Pour aller plus loin, découvrez notre article sur la Green IT.

4.3 Sobriété de matières premières et démarche zéro déchet

La réduction de l’utilisation de matières premières est également un enjeu environnemental de taille.

Dans les bureaux, on parle de plus en plus de démarche zéro déchet. Vous pouvez réaliser une opération de sensibilisation à l’environnement auprès de vos salariés. De nombreux écogestes permettent de vider progressivement les poubelles. Mug à la machine à café, impressions raisonnées, options vrac dans la cantine d’entreprise, etc. 

Ne vous arrêtez pas là : c’est en revoyant vos processus de production que vous pourriez diminuer le plus vos déchets ! 

  • Dès la conception, imaginez les produits sur l’ensemble de leur cycle de vie, en anticipant la fin de vie (recyclage, facilité de démontage, réemploi, etc.).
  • Analysez vos flux de déchets pour les réduire et valoriser. 
  • Cherchez des exutoires sur le territoire pour recycler, réemployer et valoriser vos déchets.

Le mieux ? Rapprochez-vous d’une démarche d’EIT (Écologie Industrielle et Territoriale) proche de votre entreprise. Pour faire simple, il s’agit d’économie circulaire entre les acteurs d’un territoire. C’est surtout… Beaucoup de bon sens ! Mutualisation des ressources, valorisation des « déchets » dans l’entreprise voisine, récupération des pertes de chaleur, etc. Les bénéfices sont multiples ! De l’ancrage territorial aux économies financières, en passant bien sûr par la contribution à un monde neutre en carbone (car l’entreprise neutre en carbone n’existe pas !)

4.4  Un dernier conseil pour réussir son plan de sobriété professionnelle

On parle de sobriété énergétique, mais aussi numérique ou encore de sobriété carbone. Face aux enjeux environnementaux, l’entreprise doit s’ouvrir à toutes ces démarches. 

Notre conseil ? Prenez en compte toutes les sobriétés en parallèle, de manière cohérente. 

Par exemple : attention à ne pas tout moderniser et automatiser pour réduire les consommations d’énergie… Au risque de ne plus avoir de stratégie numérique responsable. Attention à ne pas remplacer tous les appareils vieillissants… Sans réfléchir à leur cycle de vie, pour vérifier la pertinence de cette action au niveau bilan carbone et matières premières.

Voyez ces différentes démarches de sobriété comme interdépendantes. Et valorisez cette interdépendance, dans le temps et dans l’espace ! 

  • Dans le temps. Les économies financières d’une action peuvent libérer des ressources pour l’action suivante. 
  • Dans l’entreprise. Le changement structurel d’un service peut épargner la rénovation d’un autre, ou influencer des choix d’achat. Par exemple : pas besoin de remplacer en urgence un radiateur vieillissant, si dans 3 mois vous prévoyez d’installer un plancher chauffant connecté au réseau de chaleur.

Bref, voyez global et voyez long terme.

Et pour ça : définissez dans chaque établissement une personne (au moins !) référente de la démarche de sobriété.

Vous savez maintenant comment appliquer la sobriété en entreprise. De l’énergie aux matières premières, en passant par les émissions de gaz à effet de serre, la frugalité s’applique partout. Commencez par un état des lieux de votre structure, afin d’identifier les premières actions les plus pertinentes… Pour ça, Sami vous accompagne dans votre bilan carbone !

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Sources

Sources web consultées en septembre et octobre 2022. 

Sur la sobriété énergétique :

Sur la sobriété numérique :

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