Faire son bilan carbone : et après ? Mesurer vos émissions de gaz à effet de serre, c’est essentiel (et obligatoire pour de nombreuses entreprises en France, avec le décret BEGES)… Mais ça ne suffit pas. Cette initiative doit s’intégrer à une démarche RSE complète et cohérente. C’est là qu’intervient le plan d’action du bilan carbone : la stratégie pour réduire vos rejets GES, année après année. Une démarche obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés, depuis janvier 2023 ! Comment réussir son plan de transition ? Que faire après un bilan carbone, pour qu’il soit réellement utile ? Toutes nos réponses.
1. L’importance du plan de transition climat
1.1 Le bilan de gaz à effet de serre : tout seul, vraiment utile ?
La mesure des émissions carbone n’est pas une finalité : c’est un point de départ vers leur réduction. Seule, c’est une opération marketing. Avec un plan d’action, cela devient une stratégie cohérente de contribution à la neutralité carbone mondiale. Parce que la priorité reste de réduire drastiquement et rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Pas de les compter soigneusement, alors qu’elles s’accumulent dans l’atmosphère.
Heureusement, plusieurs institutions françaises l’ont bien compris.
- Le plan d’action est obligatoire dans la méthode Bilan Carbone© de l’ADEME. C’est même ce qui motive toute la démarche.
- En France, depuis le 1er janvier 2023, le décret BEGES rend obligatoire le plan de transition, en plus du bilan d’émissions. On passe d’un objectif d’information et de transparence, à une invitation au passage à l’action.
À l’inverse, un plan d’action seul n’aurait pas de sens ! Il est efficace et cohérent si, et seulement si, la mesure des émissions a été réalisée avec sérieux.
1.2 Qu’est-ce que le plan d’action du bilan carbone ?
L’inventaire des émissions carbone permet de repérer les sources et opportunités de réduction. À partir de ça, l’entreprise identifie les postes d’émissions à améliorer, et imagine des changements pour y arriver. Le plan d’action permet de formaliser cette stratégie.
Ainsi, le plan de transition doit :
- présenter les objectifs de réductions d’émissions de l’entreprise ;
- décrire les moyens et mesures prévues par l’entreprise pour réduire son empreinte climatique ;
- décrire, le cas échéant, les actions déjà mises en place et leur bilan ;
- préciser les réductions chiffrées attendues, et sous quels délais.
Il est rendu obligatoire par la Loi Énergie et Climat du 8 novembre 2019, et par le décret BEGES.
💡 Le plan d’action est la déclinaison, à court et moyen terme, de la vision stratégique de la transition bas-carbone de l’entreprise. Comme le bilan carbone, il n’est pas un document informatif destiné à prendre la poussière. C’est une démarche complète et itérative.
1.3 Plan de transition, vers la neutralité carbone ?
L’objectif du plan d’action n’est pas d’atteindre la neutralité carbone. En effet, à l’échelle d’une entreprise, c’est un non-sens scientifique. Ce « net zero émission » purement arithmétique pousse à compenser ses émissions, à l’aide de solutions court terme et bon marché, sans s’engager dans des changements profonds et structurants.
L’objectif est de contribuer à la neutralité carbone mondiale. Pour ça, l’entreprise doit mettre en place une stratégie climat ambitieuse, compatible avec les Accords de Paris. Deux axes :
- Réduire (drastiquement) ses émissions GES directes et indirectes. C’est la priorité.
- Développer les puits de carbone : forêts, sols, océans, etc. Une stratégie qui vient dans un second temps, en complément de la réduction drastique des émissions. Pour la plupart des entreprises, cet axe est majoritairement développé par la contribution carbone.
1.4 Les bénéfices du plan carbone pour l’entreprise
Le plan d’action sert à organiser votre transition bas-carbone, de manière cohérente et avec de multiples bénéfices annexes.
Plus précisément, il permet...
- D’identifier et choisir les leviers les plus pertinents pour réduire l’empreinte climatique de votre organisation. En effet, vous pouvez y lister les mesures possibles, la baisse d’émissions espérées, les ressources nécessaires, etc. Pour assurer ensuite leur mise en place.
- D’allouer à chaque solution un budget adapté, en priorisant les bons investissements.
- De planifier vos passages à l’action dans le temps, en fonction des bénéfices attendus et des contraintes.
Toutes ces informations permettent de mener votre transition de manière intelligente, en impliquant toutes les parties prenantes nécessaires et en l’intégrant à votre stratégie d’entreprise.
En effet, chaque mesure mise en place pourra avoir d’autres retombées positives. Parmi les principaux bénéfices de ces changements, on compte…
- La réduction de certaines dépenses — allouées aux transports, à la consommation énergétique, à la gestion des déchets, etc. Progressivement, vous pourrez mettre ces fonds au service de votre entreprise, des parties prenantes, et de la poursuite de votre engagement climatique.
- L’amélioration du bien-être au travail : grâce à l’isolation des bâtiments, à la facilitation des mobilités douces ou encore au télétravail. Des employés heureux et en meilleure santé, ce sont aussi des équipes plus productives, créatives et agréables au quotidien !
- La valorisation de l’image de votre entreprise. Les engagements environnementaux sont de plus en plus attendus par les consommateurs et consommatrices, ainsi que par de nombreuses parties prenantes (collectivités, investisseurs, entreprises partenaires, etc.).
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2. Comment réaliser un plan d’action efficace ? 5 étapes
1. Établir le cadre du plan d’action bas-carbone
Rien de plus risqué, pour la pérennité de votre démarche de transition, que se lancer la tête la première dans une liste de mesures de décarbonation. Avant tout, prenez le temps de poser le cadre de votre stratégie.
- Définir un comité de direction, et une personne référente de la gestion de l’ensemble du plan de transition.
- Identifier les risques et opportunités associés à cette transition, afin d’anticiper et maitriser les enjeux.
- Définir le périmètre d’application de la démarche, les horizons temporels et les objectifs chiffrés, à partir du contexte dans lequel le plan s’inscrit. Voyons ce point plus en détail.
2. Définir des objectifs de réduction GES adaptés à son secteur d’activité
Maintenant que le cadre est posé, il vous faut définir vos objectifs de diminution carbone.
Commencez par définir un objectif global de réduction de l’empreinte climatique. Il est fixé pour une année cible, par rapport à une année de référence antérieure.
- L’objectif peut être une valeur absolue, en tonne de CO2e. Par exemple : en 2030, diminuer de 25 % nos émissions par rapport à 2020.
- Pour décorréler l’empreinte carbone de l’augmentation (ou diminution) de l’activité, il est également possible de définir un but en valeur relative : par exemple, les émissions GES par euros de chiffres d’affaires, ou par nombre d’unités vendues par exemple.
Pour les autres indicateurs de réduction, nous vous recommandons l’utilisation du référentiel Net Zero Initiative (NZI) ; ou le « net zero » du Science-based Targets Initiative (SBTi).
- Tous deux placent comme une priorité la réduction drastique des émissions.
- Les deux standards distinguent les actions de réduction d’émissions (qui sont prioritaires), d’évitement, et de séquestration (ou compensation carbone). En clair : planter plein d’arbres ne suffira pas à améliorer votre bilan carbone ! Le modèle est ainsi bien plus représentatif de la réalité.
La principale différence entre les deux référentiels réside dans la finalité poursuivie.
- Le NZI a une priorité : la neutralité carbone mondiale. Ainsi, l’entreprise doit servir cet objectif — par son modèle économique, ses faibles émissions tout au long de la chaine de valeur, et sa contribution à la séquestration carbone et aux puits de carbone.
- Le SBTi se concentre sur le net zero des entreprises. La vision globale et planétaire est moins prise en compte. Par exemple, ce référentiel ne comptabilise pas les émissions évitées grâce aux produits et services de l’entreprise. En clair : que l’entreprise vende des vélos ou des voitures, son bilan carbone est traité de la même manière ! Alors que le NZI prend en compte l’aspect positif de la vente de vélo pour le climat — même si, in fine, le bilan carbone de l’entreprise augmente.
3. Identifier et choisir les bonnes mesures de décarbonation
- Commencez par définir les axes de réduction — afin que la stratégie de décarbonation soit congruente avec les enjeux métiers, sectoriels… Et climatiques, bien entendu. Pour cela, appuyez-vous sur les données de votre bilan carbone : quels sont les postes d'émissions les plus émetteurs ? Sur lesquels l’entreprise a-t-elle le plus de levier et marge de manœuvre ?
- Identifier les grands types d’action qui pourront structurer votre plan de réduction. La méthode QuantiGES de l’ADEME propose 4 grandes catégories : les actions physiques (modifications des équipements et systèmes), organisationnelles, comportementales (modification des comportements quotidiens) et règlementaires.
- À partir de ces types, listez un maximum d’actions possibles. À cette étape : pas de censure ! On fera le tri plus tard. Proposez des mesures sur les 3 scopes de rejets GES. Recueillez aussi les idées et recommandations de vos parties prenantes et des acteurs territoriaux (établissements voisins, DREAL, ADEME, etc.)
- On passe au tri ! Commencez par identifier et hiérarchiser les critères de choix, par rapport aux ressources disponibles pour votre stratégie de transition. Quelques exemples : potentiel de réduction carbone, besoins financiers, besoins humains, temps de ROI, potentiel de création de valeur pour l’entreprise, coût de l’inaction, facilité de mise en œuvre, etc.
- Appliquez ces critères aux idées d’actions, pour les prioriser. À ce stade, vérifiez que vous avez des mesures à court, moyen et long terme… Et qu’elles permettent d’atteindre vos objectifs de réduction !
- Précisez les différentes idées choisies, en remplissant des fiches-actions (voir image ci-dessous). Cette présentation détaillée permettra de valider la stratégie auprès du comité de pilotage et de la direction.
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💡 Le bilan carbone met l’accent sur les émissions de GES. Cependant, pensez aussi à intégrer les autres impacts environnementaux de votre activité — et des actions envisagées — dans vos critères de choix.
4. Planifier et mettre en œuvre son plan de transition
Vous avez votre liste d’actions, ordonnées et précises… Il est temps de les mettre en place ! Plusieurs clés de réussite à cette étape.
- Validez l’ensemble du plan d’action auprès du comité de pilotage et de la direction. Mesures, budgets, moyens humains et techniques, etc.
- Fédérez l’ensemble des salariés et des parties prenantes concernées. Présentez le plan directement à tous les responsables de service et diffusez-le largement en interne.
- Définissez le processus de suivi avec les personnes concernées. Quelles informations doivent être échangées, avec qui et à quelle fréquence ?
5. Suivre et piloter les résultats de la stratégie climat
Et après ? On ne s’arrête pas à la mise en œuvre. Le suivi est indispensable !
- Suivez périodiquement les actions, à l’aide des indicateurs de suivi choisis. Profitez-en pour fédérer autour de vos engagements, en partageant largement vos progrès en interne et aux parties prenantes. Si besoin, mettez en place des mesures correctives.
- Analysez l’effet de votre démarche bas-carbone en prenant un pas de recul : au niveau stratégique, quelle est la performance globale ? Qu’apportent les effets cumulés des différentes mesures ? Y a-t-il des actions qui n’ont pas été mises en place, et pourquoi ?
- Renouvelez votre bilan carbone chaque année. C’est le meilleur moyen de suivre la réduction de votre empreinte carbone et de valider l’efficacité de votre plan de transition… Tout en le mettant à jour.
3. Bilan carbone : et après ? Contribution carbone et communication responsable
3.1 La Contribution carbone
Après (et après seulement) avoir réduit vos émissions de GES, vous pouvez activer le deuxième axe vers la neutralité carbone mondiale : la contribution carbone.
💡 La contribution carbone, c’est une sorte de compensation carbone… Mais plus ambitieuse, plus cohérente avec la réalité. La compensation carbone vise la neutralité : qui est un non-sens scientifique ! Parler de contribution à la neutralité carbone mondiale remet les actions à leur place : la priorité reste de diminuer ses propres émissions, ensuite seulement de soutenir des projets bénéfiques pour le climat.
Chez Sami, on vous accompagne à choisir les bons projets de contribution carbone, en complément de votre stratégie de décarbonation. Voilà quelques conseils.
- Prenez en compte les co-bénéfices des projets soutenus. En plus d’éviter ou capter du CO2, le projet a-t-il des impacts positifs sur la biodiversité, les rejets polluants ou encore les populations locales ?
- Aidez-vous des labels pour choisir des projets performants climatiquement : VCS et Gold Standard par exemple.
3.2 Une bonne communication, catalyseur de la démarche RSE
Une bonne communication est indispensable tout au long de votre stratégie climat. Elle permettra de catalyser vos résultats.
- Intégrez votre bilan carbone et le plan d’action à votre rapport RSE. L’impact environnemental en est une dimension essentielle.
- Veillez à inclure et engager toute la chaine de valeur (fournisseurs, prestataires, clientèle, etc.) dans la définition et réalisation de votre démarche. Fédérez vos parties prenantes autour de cet objectif commun : la neutralité carbone mondiale.
- Impliquez les collaborateurs sur le long terme. Vos équipes sont des clés de réussite de nombreuses actions, par leurs choix et comportements quotidiens. Pour adopter les bons écogestes au travail, de manière ludique et engageante : rejoignez le Sam’Challenge !
- Adoptez les principes de la communication responsable pour éviter le greenwashing et démultiplier l’impact positif de votre entreprise.
💡 Sami met à disposition des kits de communication pour valoriser votre engagement bas-carbone. Au programme : conseils, outils et exemples à gogo !
Vous savez maintenant qu’un bilan carbone doit déboucher sur un plan d’action, ambitieux et pertinent. Complétez votre démarche par des projets de contribution carbone et une bonne communication, pour catalyser votre impact positif. Faites confiance à Sami pour vous accompagner dans tout ce processus !
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Sources
- Le SBTi lance son standard « Net Zero » pour les entreprises : décryptage et comparaison avec Net Zero Initiative, Carbone 4, octobre 2021.
- Ne dites plus « compensation » : De la compensation à la contribution, Carbone 4, juillet 2019.
- L’avis de l’ADEME sur la neutralité carbone : décryptage, Carbone 4, mai 2021.
- Guide pour la construction, la mise en œuvre et le suivi d’un plan de transition, ADEME, février 2022.
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