Critères ESG : définition, utilisation, exemples et limites

Bérénice Bieuville

Rédactrice climat

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L’investissement socialement responsable (ISR) est de plus en plus valorisé. Performances économiques et stratégie RSE deviennent indissociables. Cependant, une finance vraiment bas-carbone demande de la transparence ! Comment savoir où placer son argent pour soutenir la transition environnementale ? Quels produits financiers sont pertinents face aux enjeux climatiques et sociaux ? C’est là que les critères ESG entrent en jeu !

1. Critères ESG : c’est quoi et comment ça marche ?

1.1 Une définition rapide

Les critères ESG permettent aux acteurs financiers d’évaluer les performances RSE d’une entreprise. C’est-à-dire la pertinence de ses réponses face à 3 enjeux :

  • Environnementaux ;
  • Sociaux ;
  • de Gouvernance.

1.2 À quoi servent ces notes ?

Les critères « environnementaux, sociaux et de gouvernance » sont centraux dans l’analyse extra-financière d’une entreprise. Ils offrent un cadre commun pour évaluer les performances non économiques : bilan carbone, impacts sur le climat et la biodiversité, prise en compte des parties prenantes, etc. 

Pour les investisseurs, mais aussi actionnaires, partenaires ou fournisseurs, c’est un réel outil d’aide à la décision. Où placer mon argent, mon temps et mon énergie pour soutenir la transition bas-carbone ? Les réponses se trouvent (partiellement) dans l’évaluation ESG !

1.3 Critères ESG et RSE, quelle différence ?

Les critères ESG sont très liés à la RSE, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (ou Responsabilité Sociale et Environnementale des Entreprises).

  • La RSE intervient du point de vue de l’entreprise. C’est la façon dont cette dernière intègre les enjeux extra-financiers à son activité. 
  • Les critères ESG interviennent du point de vue des acteurs financiers. Ces derniers notent les pratiques RSE de l’entreprise, en fonction de moyennes sectorielles et de standards internationaux.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? 🤔

1.4 Comment ces critères sont-ils évalués ? 

Chaque critère est associé à un certain nombre de bonnes pratiques et de pratiques à éviter. 

  • Critère environnemental : bilan carbone, stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre, consommation énergétique, gestion des déchets et valorisation, prévention des impacts sur la biodiversité (rejets polluants par exemple), etc. 
  • Critère social : parité, inclusivité des minorités et handicaps, respect du Droit du Travail, qualité du dialogue avec les parties prenantes, formation des collaborateurs, sécurité au travail, etc. Ce critère concerne l’ensemble des parties prenantes, des collaborateurs à la clientèle, en passant par les partenaires. 
  • Gouvernance : prise en compte de l’avis des parties prenantes dans la direction de l’entreprise, vérification des comptes par un tiers, diversité au sein du conseil d’administration, transparence des salaires, lutte contre la corruption, etc. 

2. Exemples de critères ESG et notations associées : le cas de Sami

Chez Sami, on a décidé que les cordonniers ne seraient pas les plus mal chaussés. Donner des conseils de RSE, de bilan carbone ou d’ESG c’est bien… Commencer par se les appliquer, c’est mieux !

Nous avons mis en place une politique RSE, que nous avons d’ailleurs fait auditer et certifier via un label

On s’est aussi prêtés au jeu de la notation ESG, via la plateforme Zei.

Son fonctionnement est simple : Zei a défini les indicateurs environnementaux les plus pertinents pour noter notre démarche RSE. Charge à nous de leur fournir les éléments permettant justificatifs pour chacun de ses critères, et d’ainsi obtenir notre score !

Alors quel est le verdict pour Sami ? Voici nos notes sur les critères environnementaux...

Notation ESG de Sami sur certains critères environnementaux, issus de notre profil Zei

La note globale et plutôt bonne, mais il y a encore des choses à améliorer ! La politique RSE d’une entreprise, comme son bilan carbone, est une démarche continue d’amélioration qui se complète d’année en année.

Plus d’une centaine d’entités calculent les critères ESG des entreprises… Mais chacune à leur manière ! Ainsi, certains indicateurs peuvent prioriser le bilan carbone, d’autres le bien-être au travail… Ce qui rend difficile la comparaison des notes ESG.

3. Concrètement : comment utiliser les critères ESG dans sa stratégie RSE ?

Les indicateurs ESG peuvent servir de guide pour 3 situations.

  • Choix d’investissements durables.
  • Sélection de parties prenantes responsables.
  • Définition de sa propre stratégie RSE. 

C’est important, parce que les choix d’investissements sont encore trop centrés sur les performances financières. En bref : on favorise les revenus au climat ! Résultat : l’impact carbone des investissements des banques est colossal… Et ça ne peut plus durer.

3.1 Choisir des investissements durables

Le choix d’investissements bas-carbone semble être un vrai casse-tête. La multiplication des labels n’aide pas à s’y retrouver !

Cependant, les critères ESG sont toujours (ou presque) impliqués dans ce processus. 

Ainsi, vous avez deux moyens principaux de sélectionner vos investissements.

  • Déléguer. Les fonds d’investissement sont des sociétés qui placent votre argent pour vous, selon vos priorités. Ils peuvent prendre en compte les valeurs ESG dans leur stratégie d’investissement… Mais le résultat sera très variable, selon les indicateurs choisis et la stratégie d’allocation utilisée.
  • Choisir par vous-mêmes. Cela peut être long d’analyser les entreprises, leurs performances ESG et RSE. Vous pouvez vous tourner vers des labels pour orienter vos finances, comme les labels ISR (Investissement Socialement Responsable) ou GreenFin (finance verte).

Pour illustrer : on vous partage notre méthodologie pour calculer l’impact carbone des investissements des fonds de private equity, ces gestionnaires qui financent des startups et des PME. 

L’article semble un peu technique de prime abord… Mais l’approche est la même pour le bilan carbone de tout gestionnaire d’actif : 

  • regarder, pour chaque actif financier détenu, l’empreinte carbone de l’entreprise ou du produit sous-jacent
  • en allouer une partie au bilan carbone du gestionnaire d’actif, en fonction de son pourcentage de détention.

On vous laisse découvrir l’article : vous verrez, c’est très éclairant ! 

3.2 Sélectionner des partenaires responsables

Les performances extra-financières peuvent également vous aider à choisir vos parties prenantes : fournisseurs, partenaires, actionnaires, etc. Vous pouvez établir des critères d’entrée liés aux engagements ESG. Ainsi, tout votre réseau sera engagé pour le climat !

C’est ce que font certaines entreprises en mettant en place une politique d’achats responsables, par exemple. Le choix des fournisseurs ne se fait plus uniquement sur des critères financiers, mais prend également en compte leurs indicateurs ESG.

3.3 Définir sa propre stratégie RSE

Les indicateurs ESG sont une bonne base stratégique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). 

Pour rappel, la mesure des performances extra-financières est obligatoire pour bon nombre d’entreprises !

Avec ou sans obligation, le plan d’action RSE permet de :

  • valoriser l’image de votre entreprise ;
  • convertir plus facilement des clients ;
  • trouver des investissements ;
  • etc.

Vous cherchez un bon point de départ ? Le bilan carbone ! En effet, la baisse des émissions CO2 est facile à communiquer aux parties prenantes… Et, surtout, indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique !

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Sur le long terme, la prise en compte des critères extra-financiers gagnera en importance. Certains fonds excluent déjà des activités polluantes… Et la liste pourrait s’allonger. Prenez les devants en construisant un portefeuille d’investissements (et de partenaires) durables !

4. ESG et environnement : Les critères de finance durable sont-ils vraiment pertinents ?

Vous commencez à avoir l’habitude : chez Sami, on voit bien que rien n’est parfait ! Aucune solution n’est toute verte ou toute noire. Les critères environnement-social-gouvernance : c’est pareil. Ils ont des limites. 

4.1 Les limites des critères ESG

  • Les secteurs d’activité de l’entreprise et de ses clients ne sont pas pris en compte dans la notation ESG. En clair : si une entreprise travaille pour le secteur pétrolier, elle peut tout de même obtenir de bonnes notes. Il est donc essentiel de prendre aussi en compte le type d’activité et la raison d’être des entités, avant d’investir. 

  • Le greenwashing n’est jamais très loin ! Certains fonds d’investissement priorisent la rentabilité aux performances ESG, malgré leurs belles paroles. Évaluez donc la raison d’être des entreprises, des fonds d’investissements et labels avant de leur confier votre argent.

  • Une multitude de méthodes de calcul rend le choix difficile... La note finale dépend du pays, du secteur, de l’entité émettrice, etc. Certaines nations priorisent l’indicateur social, d’autres le bilan carbone. En 2020, on observait encore une multiplication du nombre de fonds d’investissement dits « durables » - avec chacun leurs priorités. Prudence, donc, lorsque vous comparez des opportunités d’investissement. 

  • Des informations pas toujours fiables. Cette liberté de calcul des critères ESG influence forcément la qualité des données. Les fonds d’investissement évaluent les performances environnementales et sociales… À partir des déclarations des entreprises. La vérification par un tiers n’est pas systématique, ni imposée par la loi. Tournez-vous vers des partenaires de confiance, sincèrement engagés pour le climat, afin d’assurer leur honnêteté. 

  • Une bonne notation ESG ne veut pas dire que l’entreprise est irréprochable à tout point de vue. Ces notations ne rentrent pas dans le détail de toutes les activités, ce qui peut générer des « loupés ». Orpéa, Volkswagen Steinhohh : ces entreprises avaient toutes de très bonnes notations ESG avant d’être frappées par différents scandales environnementaux et sociaux. Adoptez donc une vision d’ensemble et un esprit critique.

  • La notation ESG d’une entreprise dépend également des démarches RSE de ses concurrents. Cela peut sembler contre-intuitif, mais les critères d’évaluation des politiques RSE prennent en compte les pratiques « moyennes » du secteur pour chacun des indicateurs. On parle alors d’une approche best-in-class. En clair, une entreprise qui emploie seulement 10 % de femmes peut avoir une super note ESG si la moyenne de son secteur est un taux de féminisation de 0 %. Un groupe qui vend des produits fabriqués dans de mauvaises conditions économiques et sociales en Europe de l’Est peut avoir une bonne note si ses concurrents eux fabriquent en Asie. Et ainsi de suite... Ces exemples sont caricaturaux, mais vous comprenez l’idée. Bonne note ESG n’est pas forcément synonyme de bonne pratique : parfois, il s’agit uniquement du « moins pire ». Encore une fois, on revient à la nécessité d’observer le secteur dans son ensemble, et l’entreprise dans son contexte.

4.2 Encore plus vert que les investissements

Votre engagement ne s’arrête pas à la porte de vos investissements. Une fois actionnaire, vous pouvez avoir un impact bien plus important sur le climat. 

En effet, vous pouvez guider le conseil d’administration vers une stratégie bas-carbone et RSE. Vous pouvez sensibiliser les décisionnaires à l’importance du bilan carbone, d’une stratégie de réduction des émissions, d’une analyse des risques liés à la transition et au changement climatique, etc. 

S’engager dans la diminution des émissions des entreprises, via l’engagement actionnarial, serait plus impactant que le choix même des investissements ! À commencer par votre propre entreprise ;).

Les critères ESG sont utiles pour diriger vos investissements et guider vos choix de partenaires… Le tout dans une stratégie RSE globale. Cependant, le système a ses limites ! Pensez à investir dans des secteurs d’activité engagés dans la transition bas-carbone, et à vous impliquer dans la réduction des émissions des entreprises… À commencer par la vôtre. Nous vous accompagnons dans l’amélioration de vos engagements ESG et RSE, grâce au bilan carbone.

Sources :

  • Finance responsable et ESG : le site NOVAFI, consulté en mars 2022. 

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